Exploration dans la mer interdite - RP d'event

J’étais encore tout émoustillé d’avoir été ainsi valorisé par le grand Orion. Son simple regard avait suffi me faire comprendre que j’avais été d’un grand aide. Le capitaine de ce navire avait réussi à reconnaître mes capacités, mes talents et surtout, il venait de m’aider beaucoup à me valoriser. Sans peut-être le savoir, ils allaient pas mal tous m’aider énormément quant à ma propre estime de moi, qui est plutôt nulle. Cette expérience sur le navire allait être plus qu’enrichissante, elle avait être également très valorisante pour le pauvre elfe noir que j’étais. Le pauvre être vivant tout détruit, qui a dit adieu à son estime personnelle il y a très longtemps allait probablement renaître de ses cendres. De recevoir de telles acclamations de la part de gens qui sont aussi hauts placés sur le navire -ainsi que dans d’autres pays- cela n’avait pas de prix ; je me comptais tellement chanceux d’avoir eu l’occasion de monter à bord de ce navire… !

La mer reprise, la nuit tombée, je m’étais bêtement endormi. La tranquillité que m’offrait la mer était complètement différente de celle que les grottes ou les endroits clos m’offraient dans la nature. Le matelas était d’ailleurs bien plus confortable que les branches et les feuilles que je pouvais trouver dans la forêt, comme je le faisais par le passé. Un autre point bien positif à dormir dans ce navire ; la paix d’esprit que m’emmenait ma cabine fermée à clé était carrément incomparable à celle que je devais tenter de m’assurer dans les bois. J’étais d’ailleurs protégé par les gens du navire. Moi, petit être solitaire que j’étais, je venais peut-être de trouver un bon troupeau pour me rendre un peu moins associable, et qui sait, un nouveau moi naîtra dans les prochains jours, j’en étais certain. J’avais encore besoin d’un peu de temps pour m’adapter à cette vie, alors que je n’étais pas seul comme avant.

Quelqu’un me tirait de mon sommeil. Un bruit de quelqu’un frappant à une porte au-dessus de ma tête me réveillait. Un mauvais réveil, vous direz… surtout pour quelqu’un qui a l’habitude de se réveiller dans la forêt, seul. Une voix s’élevait également, me faisant rapidement comprendre que nous allions toucher terre bientôt. Je me redressais rapidement, mon regard cherchant la personne qui parlait pour constater qu’il s’agissait de Devon qui s’adressait à Orion dans sa cabine, presque au-dessus de ma tête. Je sautais hors de mon lit, m’assurant d’être bien vêtu. Je quittais ma cabine, tout en barrant la porte de cette dernière, puis je me précipitais sur le pont. L’air fraîche me titillais le visage, le vent nous apportait un bien fou qu’il ne savait apporter dans la cale, ou l’humidité horrible portait un contraste flagrant. Ma vue s’adaptant lentement à la lumière, j’avais pu constater rapidement que la terre se formait à l’horizon. Nous approchions cette nouvelle terre, là où mes talents allaient être mis à contribution… enfin.

J’écoutais les ordres du capitaine du navire : se préparer à l’arrimage du navire sur les côtes. Je restais immobile sur le pont, prêt à sortir du navire, puisque mes faibles connaissances en matière marine me forçaient à ne rien faire… pour éviter d’être dans les chemins de ceux qui savaient ce qu’ils faisaient. Peu de temps après, le navire était arrêté, l’ancre jetée, et nous étions descendu du navire. Le flair devant, les yeux partout, j’avançais dans la forêt avec les autres. Je m’arrêtais brusquement. Le bruit de pas. Les voix qui parlent. Des phrases peu complètes se laissaient entendre. Mon regard perçant scrutait la forêt dans l’espoir de dénicher les responsables de ce bruit, pour finalement s’immobiliser sur plusieurs personnes, ceux-ci ayant visiblement été attiré par le gros objet qu’est le Dominium Oceanis.

Quelle surprise ce fut de constater que les gens qui se tenaient devant nous n’étaient que des membres d’un peuple visiblement primitif… ce qui explique pourquoi leurs phrases sont structurées comme celles d’un enfant de cinq ans. Ils étaient pauvrement vêtus de tissus tricotés étrangement, de restes de fourrures, et ils portaient n’importe quoi comme décorations et comme bijoux. Il est vrai qu’à une certaine époque, il était normal de porter des os d’animaux, des dents de requins ou des cornes d’animaux que l’on réussit à chasser. Les membres de ce peuple semblaient très peu enclins à nous laisser explorer leurs terres… comme pouvait en témoigner leurs réflexes de mettre la main sur leurs armes. Des armes pauvrement travaillées, certes, mais qui dit mode de vie primitif, dit méthode de combat… primitive. Les roches pointues attachées à des branches, des bouts de bois aiguisés en pointe, je craignais avoir affaire à des techniques de combat plus barbares qu’autre chose…

Alors que je pensais peut-être m’en sortir autrement, trouver une nouvelle terre où me cacher, je vais être entièrement d’accord avec les dires d’Orion avant notre départ… cette expédition n’était pas une croisière de plaisance, et loin de là. Voilà que ce peuple étrange semblait vouloir notre peau. Est-ce que nous ferions mieux de retourner sur le navire et battre en retraite… ou se risquer à négocier ? Encore, est-ce que ces êtres connaissent le mot négocier… il est difficile de discerner quels sont leurs buts. À deviner, il est simple de voir que leur désir de nous voir quitter ces terres… mais comment allaient-ils s’y prendre ? C’est ce qui me faisait drôlement peur… et si par hasard on réussissait à les battre, est-ce qu’ils sont tous comme cela, sur cette terre ? Encore heureux que nous aillons laissé quelques gens sur le navire, comme cela, nous allions pouvoir retourner sur un lieu sûr, en cas d’attaque…

-  On fait quoi, maintenant ?

J’avais une bien mauvaise surprise… comme tous ceux de l’équipage d’Orion. La mauvaise surprise de voir cette île déjà habitée par des sauvages, alors que l’espoir de découvrir une nouvelle terre pour y recommencer une toute nouvelle vie continuait de pétiller en moi. Peut-être était-ce juste une parcelle de cette île qui était habitée par des gens malveillants, et que j’aurai une meilleure chance en mettant les pieds ailleurs sur ces terres-là… mais c’était encore trop tôt pour confirmer quoi que ce soit. Visiblement, ils étaient non seulement primitifs, mais également agressifs… de ce fait, ils étaient de vrais sauvages… ! Je craignais leur réaction, et par-dessus tout, j’avais peur de la façon dont ils allaient interpréter nos mots. Visiblement, nous n’avions pas les mêmes coutumes ni les mêmes habitudes, alors peut-être que notre langage diffère également… dans l’espoir qu’ils ne nous attaquent pas.

Comme de fait, les dires de l’homme qui, visiblement était le chef de la troupe, me confirmait amèrement que nous n’étions pas les bienvenus sur ces terres. Si j’avais été un chien, j’aurais eu les oreilles basses et la queue entre les pattes… et si j’avais été un elfe blanc, j’aurais pâli encore plus. Mon regard légèrement troublé scrutait admirablement l’homme qui représentait le chef de notre troupe, tentant désespérément de trouver une lueur d’espoir. Bien qu’Orion tentait de s’exprimer, le chef de la tribu opposée ne semblait pas vouloir négocier notre venue… et comme je le craignais, c’est Nysali qui s’y mêlait, venant donner également son grain de sel. À partir de cet instant, non seulement j’avais peur de nos ennemis, mais également de notre capitaine ; est-ce qu’il sera satisfait de ce que Nysali lui a dit, ou pas ? J’avais bien peur du contraire…

Nysali s’excusait… mais non pas à Orion, mais bien au chef de la troupe, et ce, sans l’accord de son maître. Elle proposait de quitter le pays en question, en les considérant comme étant les gens forts…. Reprenant ainsi les mots fièrement utilisés par le chef de la tribu de l’île de Whabeck, de ce que j’avais pu comprendre. Néanmoins, les propos qu’elle avait projeté laissait peut-être croire que nous nous avouions vaincu, chose qu’Orion ne saurait accepter… ! Du moins, c’est l’impression que ce grand capitaine m’avait laissé voir depuis le début du périple. Orion me semblait être un homme grand, fort, exemplaire, qui ne se laisserait jamais abattre par rien au monde… le genre d’homme courageux que je rêvais de devenir, mais malheureusement, j’étais trop peureux pour devenir un être aussi remarquable que le grand démon qui nous servait de capitaine.

J’aurais bien arrêté la jeune femme… mais encore là, je ne trouvais pas le courage de le faire. Je craignais peut-être sa réaction… ou celle du capitaine ? Peut-être que j’avais simplement peur de tout foirer, de faire comprendre au groupe d’ennemi que nous sommes un groupe de bâtards mal organisé… faire tout foirer, comme ce pour quoi je suis si doué en fait. C’est donc avec regret que je reculais, me faisant petit et discret, cherchant à me cacher derrière Orion… non seulement derrière lui, mais plus précisément me mêlant au reste de l’équipage, restant petit, discret et protégé de tous les ennemis possibles. Je n’avais aucune arme sur moi pour me défendre à l’exception d’une petite dague plutôt bâtarde, sans rien de bien spécial. Allais-je pouvoir me défendre avec cela en cas d’attaque, ou j’allais encore devoir reposer sur les autres ? La honte semblait me gagner, alors que tous étaient armés d’épées et d’armes capables de les défendre. J’étais décidément le petit elfe noir frêle, à part de tous, qui ne savait décidément rien faire d’autre que se cacher…

Le regard des marins sur moi semblaient empreints de dégoûts, chose qui me faisait plutôt peur. Allais-je devenir la risée du navire ? Allais-je pouvoir conserver une once de fierté après m’être réfugié ainsi ? Je ne savais plus quoi faire…. Et c’est particulièrement ce qui me poussait à rester là, immobile, au milieu de la foule de marins peu discrets, dans l’espoir survivre une possible attaque de la part des sauvages barbares devant nous.

Je m’étais camouflé légèrement parmi les autres matelots. Ma nature peureuse avait repris le dessus malgré moi, je n’étais pas forgé de courage comme mes compatriotes d’aujourd’hui. J’avais la boule dans l’estomac, je regardais la scène avec stupeur. Je craignais une attaque plus que tout, l’angoisse montait en moi comme jamais. Oui j’étais doué pour courir, fuir et me camoufler, mais ces terres-ci, je ne les connaissais pas ; je ne pouvais pas dire que je savais m’orienter aussi bien que dans mon pays natal. À vrai dire, je savais par où nous étions, je connaissais le chemin du retour vers notre navire mais qu’en était-il des pièges possiblement posés par ces créatures primitives ? C’est surtout là que résidait le danger, ainsi que ma peur.

Nysali avait parlé certes, mais cela ne semblait pas avoir aidé à calmer les troupes. Non ; Orion, Ô grand et fort démon, ordonnait de quitter à la course les terres que nous avions envahi. Étais-ce une farce ? J’étais tellement peu sûr de ce que j’avais entendu que je préférais attendre et voir la réaction des matelots. Ceux-ci semblaient avoir réalisé la gravité de la situation pour que leur chef décide de rebrousse chemin. C’est là que j’avais réalisé quel merdier nous attendait si nous restions là ; je tournais les talons, repartant d’où nous venions. L’ordre donné était suffisant pour faire comprendre à Nysali de se barrer aussi ; celle-ci me dépassait, courant à toutes jambes. Elle s’arrêtait pour aider quelqu’un, et c’est là qu’elle s’était pris un grand coup. Un coup suffisamment grand pour la faire abandonner l’aide qu’elle portait à la personne, et la faisant courir pour sa propre vie.

Du moins, courir était un bien grand mot ; après un coup pareil, elle était devenue chancelante, finissant par s’écrouler au sol. Entre temps, je l’avais dépassé… mais je ne pouvais pas la laisser comme cela, au sol. Le matelot qu’elle tentait d’aider venait de se prendre un coup suffisamment grand pour le tuer, alors je n’avais pas à m’inquiéter pour lui ; autant mettre les efforts sur ceux qui pouvaient survivre. Je rebroussais chemin. Le courage que je ressentais en moi me permettait de me faufiler entre les sauvages, et protéger le pauvre corps inerte de Nysali. Un grand choc se faisait sentir rapidement dans mon dos, me coupant le souffle rapidement. Je n’avais plus le temps de rigoler ; j’agrippais Nysali, l’embarquant sur une épaule pour partir à toute jambe avec celle-ci.

Mon souffle court, je courais, quand une vive douleur me gagnait. M’écroulant au sol et échappant Nysali, un long grognement s’échappait de ma gorge alors que je réalisais finalement que je venais de me prendre un coup suffisamment gros dans le dos pour que ma peau cède sous l’impact. Le liquide chaud coulait le long de mon dos, humectant mon haut, alors que la douleur et la sueur envahissait mon visage. L’adrénaline m’aidait fortement à me relever. J’agrippais encore difficilement Nysali pour la soulever, continuant de courir vers le navire. Je courais plus lentement, les habitants de l’île accéléraient le pas. Le navire était devant moi. Je n’étais pas sûr de pouvoir y arriver. Perdant pied, je m’écroulais au sol, et c’est un autre matelot qui agrippait la servante de notre capitaine pour l’emmener en sécurité dans l’embarcation.

-  Merde….

J’avais beau essayer de me redresser, mes bras n’étaient plus assez forts pour soulever mon poids. Le sang coulait encore dans mon dos, mon corps se faisait de plus en plus faible. Me sentant soulevé, mon regard trouble se retournait vers un ombrage sombre, cornu et ailé. L’un des démons du navire était venu m’aider à remonter dans le Dominium Oceanis. On me ramenait rapidement sur le sol, directement sur le pont, et c’est rapidement que les médecins et les mages commençaient leurs soins sur moi. Mon dos était affreusement douloureux et je ne voulais même pas imaginer quel genre de blessure que j’avais d’étampé dans le dos. Me fermant les yeux, je m’endormais plutôt vite, laissant les médecins travailler sur mon corps pour soigner mes plaies. Tombant dans les bras de Morphée ou dans un état d’inconscience certain, je ne pouvais le confirmer… mais je savais que je n’avais plus aucune notion de l’environnement qui m’entourait.