Les ailes du destin (pv Jaëlle)

J’avais entendu parler de la fête. Même si je ne la priais pas, on ne dit pas non à une fête. Même à la maison, c’était un jour de repos et on descendait au village pour en profiter. J’ai une petite pensée pour mes parents qui doivent la préparer, une vache doit être tué à ce jour et préparer pour vendre à la fête. Je caresse tendrement Calisse, bien entendu il est hors de question que je continue cette tradition. Elle est mon amie et jamais je ne la verrais comme un steak.

Nous sommes donc en chemin pour la fête, un peu en avance, afin de trouver un chouette endroit pour nous installer. Le ciel est dégagé et d’après les passants rencontrés la pluie ne doit pas venir gâcher la semaine. Dire que je me suis lancé dans l’aventure il y a plus de 3 mois et je n’ai toujours pas avancé dans mes recherches. Pire je n’ai fait que des allers-retours dans mon pays. Je m’étais pourtant fixé un parcours, mais c’est ça l’aventure! C’est prendre un chemin et voir où ça nous mène. Et je vais devoir bientôt trouver un taureau pour Calisse, son lait va commencer à tarir.

Je laisse Calisse sur le chemin et je prends un écart pour un petit arrêt personnel. J’aimerais pouvoir faire en marchant comme elle. Mais autant éviter d’avoir le cul nu sur la route. Je suis donc occupé à mes petites affaires quand j’entends un cri. Heureusement que j’étais sur ma fin. Je retourne sur le chemin et je trouve Calisse nez à nez... heu non,museau contre aile , des ailes immenses.

« Calisse ! Non ! »

Je me rapproche, en espérant qu’elle a juste reniflé d’intérêt et pas mordu la pauvre créature. Je suis encore occupé à me rhabiller quand j’arrive à sa distance. Je force Calisse à reculer.

« Désoler, désoler. Elle s’excuse ! N’est-ce pas Calisse ? »

« je meuuuh scuse »

Ha ça fait longtemps que je n’avais plus entendu la voix de mon amie, comme si elle me faisait un peu la tête. J’ai vraiment de la chance de pouvoir les faire parler. Je sais ainsi ce qu’elle pense.

Je sentais tout le poids de Calisse dans mon dos, mes yeux plein de panique et intrigué étaient fixés sur les ailes. Je n’avais jamais vu de personne ailée, est-ce une fée ? Comme le racontent les contes ? La créature semblait effrayer et Calisse qui refuse de bouger plus loin que je l’étais. Mais la voix de mon amie semblait calmer la jeune fille qui d’un seul coup s’était relevée… enfin, je crois qu’elle était debout, c’est difficile à dire. Et je crois que ma vache aussi est intriguée.

Mon regard descend le long du corps de la jeune fille, car oui maintenant que je ne suis plus focalisé sur les ailes je peux l’admirer entièrement. Ma tête se penche sur le côté et par réflexe je porte ma main afin de visualiser la taille et je remets vite ma main contre mon corps quand elle me regarde, avant qu’elle ne s’en rende compte.  Je prends sa main et j’aurais pu lui faire une bise main comme on me l’apprit, mais je ne sais pas si ça se fait pour les… être comme elle.

« Enchanter Jaëlle , je le prononce bien ? Moi c’est Lisianthus et elle c’est Calisse et la poule qui heu… j’espère que ce que tu avais dans ce panier peut à nouveau être trouvé… c’est Poupette. »

Je rougis de honte et file attraper ma poule dans mes bras et je la coince en dessous de l'un d’eux. Je fais un sourire crisper en attrapant le panier de ma main libre et je le tends à la jeune fille.

« Je suis rassuré, elles sont juste curieuses. J’espère que tu ne vas pas leur en vouloir. Poupette excuse toi aussi ! »

Mais tout ce qu’elle émet est des hurlements de poules énervé.

« Allez ! Ne boude pas ! Je suis vraiment désolé. »

« Cooot lâche moi ! Lâche-moi ! »

Je soupire et j’attrape la tête de Poupette pour la lui faire pencher en excuse. Et je finis par la lâcher ou plus exactement elle profite d’un relâchement pour sauter de mes bras au sol afin de retourner sur la route. Tu parles d’une présentation, j’ai déjà fait mieux. Mes amies jouent les affamés comme je ne les avais plus nourris. Ou alors juste des fainéantes qui préfère prendre ce qu’autrui possède.

«  Je suis vraiment désolé, tu es sûr que tes ailes n’ont rien ? D’habitude, elles sont bien plus courtoises, je pense que tu les as intriguées. Dis-moi ce que je peux faire pour nous faire pardonner »

Le fait qu’elle soit si petite me perturbe, j’ai l’impression de lui imposer ma taille et du coup d’être hautain. Du coup, je me mets à genoux, et tant pis si ça donne l’impression de la supplié de me pardonner. Je préfère ça à être mal juger.  

Elle secoua les ailes, comme Poupette secouerait ses plumes . Je ne savais pas qu’il existait autant de variété d’animorphe. Mon regard passe sur la croupe de Calisse examinant une mouche prête à mordre son cuir, me demandant un instant si cet insecte pourrait être également un animorphe. Je grimace quand Calisse projette sa queue contre sa peau écrasant l’animal d’un coup sec. Et qui tombe au sol sans vie, je détourne le regard de cet échange brutal entre bêtes pour regarder à nouveau Jaëlle en me demandant ce qu’elle trafiquait.

Je ne savais pas quoi pensé de cette femme, sauf que si elle continue à chouchouter mes amies j’ai un doute sur leur loyauté envers moi. L’appel de la nourriture peut-être très forte ! Si elle avait été surprise d’entre mes amies parler, c’est à mon tour de l’être. En examinant l’herbe sous le museau de Calisse. Et j’en arrache un brin que je porte à ma bouche pour gouter intrigué.

« « C’est dingue cette magie ! Je connais plus d’un prêt à vendre leur âme pour pouvoir faire ça. »

Elle n’avait pas terminé, car elle fouillait dans son panier, les sacs de bonnes femmes sont toujours pleins de surprise. Je n’étais pas le seul intrigué, malgré son air boudeur Poupette s’était approché de l’herbe tout en observant Jaelle de son regard. Elle n’hésita pas une seconde pour se précipiter sur ce qui avait déposé pour elle et donner de grand coup de bec pour ingurgité les graines.

« « Et vous venez de vous faires deux nouvelles amies, non trois en me comptant. »

Je rigole en entendant son ventre, je sais que les femmes sont toujours gênées de faire entendre divers bruits venant de leur corps. C’est pourtant naturel. Je suis heureux d’être né homme, on s’offusque beaucoup moins pour si peu. Mais elle semblait en rire et pas en rougir en s’excusant. À croire que les femmes des alentours de ma ferme sont nettement différentes de ceux que je rencontre en chemin.

« Ha bon ? Il y a d’excellents biscuits ? J’avoue que c’est la première fois que j’irais dans un festival aussi grand. Hahaaaa !! ça, je peux vous en offrir, enfin Calisse va vous en offrir, n’est-ce pas ma belle ? »

Je me redresse pour prendre un petit sac étanche, accrocher autour de Calisse, qui est trop occupée à brouter elle ne fait même pas attention à moi. Je caresse ensuite son ventre avec tendresse, pour me mettre à genoux , je vide ma gourde sur ses mamelles pour les nettoyer un peu avant de m’appliquer pour en prendre juste assez pour Jaëlle et moi. Je ne veux pas épuiser ma vache.

« Son lait est meilleur en début de matinée et votre merveilleuse herbe n’a pas encore dû donner du miracle au goût. »

Je souris en posant mon front contre la peau de Calisse, en soupirant. C’était une question que je m’étais toujours posée depuis tout petit. Pourquoi certains rester coincé dans la peau d’un animal et d’autre non.

« Je crois qu’elles ont dû être maudites… je prie Berion pour leur pardonnée, mais nos prières sont sans réponse. Elles ont dû faire quelque chose de grave dans une ancienne vie. Mais heureusement je suis là pour elle et pour les comprendre. »

Je me redresse, et attrape deux godets faits dans des cornes de taureau. Toujours suspendu à ma vache.

« Et j’avoue qu’égoïstement je trouve tout de même pratique qu’elle soit en animal, elles ont plus facile que moi pour trouver de la nourriture, elle m’aide à porter les affaires … et surtout je ne me vois pas la traire si elle était humaine. »

Je rougis violemment en me rendant compte de ce que je venais dire et que ça pourrait porter à grande confusion. Très grande même !

« Je veux dire que je ne le ferais même pas du tout ! Ce n’est pas ce que je voulais dire enfin vous comprenez ? J’espère ! Je ne suis pas ce genre de personne qui s’amuserait… haa je m’enfonce là… pitié arrêter moi, je suis un nigaud »

Je ne sais pas si c’est sa douceur dans ses traits ou dans ses paroles, mais je me sentais serein. Je sais que certaines personnes ne s’approchent pas des non-humains, alors que moi j’ai hâte de découvrir toutes ses espèces. Je souris super heureux de savoir que j’ai fait une connaissance avec une personne vivant … si loin ? Heu c’est où Xavaar ? Au nord ? Au sud ? Est-ce une ville ou un pays ? si elle vient de là ça veut dire qu’il doit en avoir beaucoup de son espèce ?

Peut-être que je pourrais apprendre se sort mineur ? Je ne me suis jamais beaucoup intéressé aux autres magies que la mienne. Et même la mienne, je l’ai apprise par hasard, si je n’avais pas rencontré mon maitre je pense que mes pauvres amies n’auraient jamais pu parler. Coincé dans leur corps physiquement, mais mentalement. Heureusement que je peux leur offrir un peu d’espoir. Alors si je peux les nourrir avec la magie notre amitié ne sera que renforcée.

Je sentais son regard sur moi, elle réfléchissait à mon explication et étonnamment elle ne se mit pas à rire ou me traiter de fou. Son regard n’a pas changé en me regardant, elle me croyait ! J’étais étonné et je sentais mon cœur se réjouir. Parfois, il m’arrivait de douter en les regardant. Savoir qu’une autre personne me croit et mieux encore, me propose d’autres possibilités refait naitre un espoir de les sauver. Mes yeux brillaient de gratification en la regardant.

« Si c’est bien une épreuve, je ferais tout pour les aider à la surmonter ! »

Je m’attendais à ce qu’elle rigole à mon bafouillage et mon erreur, mais sa question me coupa le souffle. Elle se moque de moi ? J’ai beau examiner son visage je ne vois que de la sincérité. Comment ne peut-elle pas comprendre ce que je voulais dire ? Elle ne semblait pas être une jouvencelle sortie du nid. Serait-ce vraiment une pure innocente ? Mais même les innocentes peuvent comprendre ou deviner que ce n’est pas normal. Mon visage toujours aussi rouge, j’avais l’impression d’avoir de la vapeur sortir de ma peau. Expliquer les choses est délicat. Je n’ai pas du tout envie de la froisser ou de la gêner. Et la laisser sans réponse n’est pas une bonne idée. J’avais beau tourné tous les mots dans ma tête je ne voyais vraiment pas comme lui expliquer que ça risquait de chauffé.

« heu… car c’est … bien plus… particulier ? Et que le mouv… enfin.. tu comprendras si tu essayes sur toi-même »

Je souffle en espérant que cette réponse lui suffira. Je détourne mon regard d’elle, pour observer Calisse. Sa question n’est pas si idiote tout compte fait. Si les femelles humanoïdes ressentent une sensation ... "agréable", est-ce que les animaux aussi ? Est-ce que??… non non-non-non !!! Je refuse de penser à ça ! Hors de question ! Mon amie relève sa tête de l’herbe pour me regarder elle prend une seconde a mâchouiller ce qu'elle a en bouche et finit par laisse échapper un meuglement. J’ai un grand sentiment de malaise, mais elle rabaisse sa tête et reprend son repas. Je rêve… si c’était le cas, tous les fermiers du monde s’en seraient rendu compte, n’est-ce pas ? Et avoir les mamelles pleines lui fait du mal. Je dois arrêter de penser à ça. Je dois penser à autre chose. J’ai besoin d’un verre et pas de lait ! Attrapant une bouteille ronde contre Calisse, j’ouvre celle-ci et en bois une bonne rasade. L’alcool me réchauffe la gorge, une seconde gorgé et je sens déjà les effets agir dans ma tête.

« haaa… je fais bien de toujours en garder un peu avec moi… »

Je prends une grande inspiration, j’ai besoin pour refaire face à Jaelle. J’espère juste que la rougeur de mon visage se soit évanouie pour ma couleur normale. Je lui adresse un sourire bien trop crispé et je dois chercher un autre sujet, mais je suis encore trop perturbé.

Je rêve où elle est occupée à essayer là tout de suite ? Non, mais qui est assez stupide pour ne rien comprendre à ce point-là ! Elle ne s’est jamais fait du plaisir ? Je sais que les femmes ont tendance à ne pas en parler contrairement aux hommes. Mais on ne va pas me faire croire qu’elle ne se donne pas à cette activité en solitaire ! Je me retourne à nouveau et cogne ma tête légèrement contre Calisse, en me demandant ce qui m’a pris de lui dire ça. Cette femme n’en est pas une ! Je dois la voir comme je verrais l’une de mes jeunes nièces. Je dois mettre de côté tout rapport au sexe, en plus elle me précise qu’elle a essayé ! J’émets un léger gémissement, me disant qu’elle doit se moquer de moi. Ce n’est pas possible ! Cette fille n’a aucun filtre ?
Je bois une nouvelle fois une rasade d’alcool, car là c’est moi qui ai besoin d’enlever mes filtres pour pouvoir parler plus sereinement.

« C’est surtout que tu n’as pas eu d’enfant… une femme donne du lait pour pouvoir nourrir son enfant. Calisse a eu un veau et tant que je continue à la traitre son lait ne se tarira pas avant un bout de temps. Mais je vais devoir lui trouver un mal pour qu’elle puisse en fournir à nouveau à un moment. Tu comprends ? »

Et big, pourquoi elle me demande ça ? C’est vrai qu’elle n’a pas compris ce que je voulais dire, au point de venir à se tripoter les niches. Je peux donc inventer une excuse ? Pourquoi a ton les joues rouges ? L’alcool ? Mais elle m’a devancé et je ne peux pas utiliser ça. Tsst! elle est perspicace que quand elle veut?

« Car... cette discussion est gênante quand on comprend le sens … le sens un peu plus...heu.. Comment te dire ça… »

Je la regarde et je prends une inspiration. Tant pis si je lui brise un peu son innocence. Et j’ai l’impression de devoir me justifier, surtout plus pour moi que pour elle. Pour ma propre santé mentale.

« Caresser la poitrine d’un être humain se fait en acte charnel, dans un échange plus intime. Pitié… dis-moi que tu comprends ce que je veux dire, j’ai l’impression d’être un pervers qui te pervertit sinon. Et non je ne pourrais pas faire ça avec Calisse. Car en humaine je ne pourrais pas la traire vraiment, ce n’est pas la même forme et son lait doit être différent.»

J’attrape ensuite ses poignets en secouant la tête.

« Et non… ne retire pas tes vêtements pour vérifier si c’est vraiment différent, crois-moi juste sur parole ou vérifie quand tu prendras un bain »