L'étreinte de la folie - Les symptômes de la honte (Feat Draghan Keroth)

Mar 23 Fév - 17:13

L’étreinte de la folie - Les symptômes de la honte

L’après-midi était bien avancé déjà, le soleil timide caché derrière des nuages gris et menaçants. Les rues de la capitale se vidaient peu à peu de leurs passants à l’approche de l’averse qui allait sans aucun doute s’abattre sur la cité, mais j’avais tout de même réussi à chaparder une gourde et un pain à un commerçant peu attentif à son étal. Après mon repas du soir trouvé, il ne me restait plus qu’à me dénicher un abri pour ne pas finir mouillé jusqu'aux os dans la rue. Ne sachant pas lire, je me dirigeais avec les dessins sur les enseignes des différents bâtiments jusqu’à tomber sur un grand panneau de bois ou je pouvais voir un navire et une porte ouverte d’où je flairais l’odeur des ivrognes. Une taverne, c’était parfait!

Secouant ma longue jupe pourpre pour en déloger la poussière et passant la main dans mes cheveux en bataille, je passais un coup d’œil discret par la porte pour bien évaluer la taverne. Je ne voulais pas me faire voir par le tenancier, comme je n’avais que quelques sous en poche, il fallait que j’évite d’attirer l’attention sur moi pour ne pas qu'on me jette dehors. Usant donc de tous mes talents de filou, je longeais le mur comme une ombre et pris place à la table la plus isolée de tout le gîte en esquivant le regard vigilent du tenancier. Excellent, jusque là tout se passait comme prévu.

M’autorisant un peu de repos, entendant également les grondements insistants de mon ventre vide, j’étalais finalement sur la table ma pitance récupérée au marché et commença à déguster mon repas. Le pain de céréale avait bon goût, mais malheureusement la gourde ne contenait que de l’eau. Dommage, j'aurais espéré du vin. Peut-être allais-je avoir plus de chance lors de ma prochaine partie de vol à l’étalage. Haussant les épaules, je me rassasiais sans plus de considération pour ma pauvre prise, buvant au moins la moitié de ma gourde et le quart de la miche de pain avant de commencer à sentir que quelque chose ne tournait pas fond.

Effectivement, quelques minutes après mon copieux repas, la tête commença à me tourner et je sentis mes joues se rougir. Ne comprenant pas trop de quoi il en retournait, j’observais méticuleusement le pain pour voir si l’ergot de seigle avait pu contaminer mes victuailles. En effet, je savais de source certaine que l’ergot de seigle, un champignon, avait déjà contaminé des récoltes et rendu un village entier fou allier jusqu’à tuer quelques de ses occupants. Triste histoire, mais après mon analyse, il n’y avait rien à signaler sur le pain. Mes réflexions devenant un peu plus confuses à chaque minute, il devenait de plus en plus difficile de réfléchir correctement. On pouvait sans-doute lire la surprise sur mon visage, peut-être même un peu d’effroi, mais heureusement personne ne semblait porter attention à moi. Mais par tous les diables que m’arrivait-il?

À la terreur se succéda finalement un genre de lâché prise au fur et à mesure que mes pensées se dissipaient dans le néant. Un petit sourire béat se dessina même sur mes lèvres après un moment, l’eau m’étant monté à la tête comme une forte liqueur. Je me fondais bien dans le décor finalement, ma dégaine de poivrot à moitié affalé sur la table avec ce petit air presque niais était semblable à celui des autres ivrognes m’entourant dans la taverne. Mon camouflage était impeccable bien malgré moi!

Mar 23 Fév - 20:01

«Vis pour ce que demain a à t'offrir, pas pour ce que hier t'a enlevé.»
Feat. Azalée
Je sentais que je m’étais embarqué dans quelque chose de pas net. La vie ne m’était décidément pas favorable, et passant d’un sans-abri à un ivrogne de fortune dans le fond d’une piètre taverne quelque part dans la pauvre ville, j’avais de moins en moins espoir de récupérer une vie normale. Les remords semblait être la chose qui m’avait poussé aussi bas dans la vie. L’impossibilité d’aider la pauvre Nysali m’avait assez détruit, et il était difficile pour moi de trouver quelque chose à faire de ma misérable vie. La dépression me gagnait, jour après jour. Je n’arrivais pas à me trouver d’emploi, les gens de Myrefall n’étaient pas aussi ouverts d’esprits que le disaient les rumeurs. Peut-être ne voulaient-ils pas de moi à cause de mon apparence négligée, peut-être à cause de ma peau noire… et peut-être parce que j’étais habité par l’inexpérience. Je ne saurai dire, et possiblement je ne saurai jamais.

Gagner de l’argent, j’avais trouvé un moyen simple, quoi que très peu catholique. L’envie de certains hommes les pousse à payer des sommes considérables pour se combler un soir, et d’une certaine manière, c’était ce qui me permettait de survivre à ce moment-là. Je ne pouvais nier que je détestais ma vie actuelle, et je me trouvais atrocement sale d’en venir à ce point pour réussir à survivre dans ce système monétaire qui m’était si inconnu. J’avais grandi dans un pays et dans des conditions de survie, dans un endroit où nous travaillions pour obtenir les choses dont nous avions besoin… sans devoir les acheter comme il se fait ici.

J’avais bu, la veille. J’avais bu autre chose que de l’alcool, étrangement. Cette fameuse taverne, qui offrait gratuitement un bon verre d’eau fraîche pour accompagner toute l’alcool que l’on ingère. J’avais aimé ce commerce, et c’est-ce qui m’avait poussé à y retourner, ce soir-là, après une dure journée de travail, une journée peu recommandable il va s’en dire. J’étais complètement claqué, meurtri. Étrangement, aujourd’hui, j’avais été un peu trop fort sur mon corps à ce niveau-là. Bien tout le mal qui hantait mon corps, j’avais une bourse d’argent bien pleine. D’habitude, après un client, j’ai assez honte pour m’arrêter à celui-là… mais aujourd’hui j’avais dépassé mes limites. Peut-être un peu trop même, puisque j’avais l’impression de faire de la fièvre…. Un mal de tête peu rassurant me martellait les tempes.

J’entrais dans la taverne, lentement, mais sûrement. Je m’installais lentement à la même table qu’une personne, visiblement une jeune femme ivre. Elle était clairement intoxiquée dans l’alcool. Je m’en foutais un peu, je m’étais sagement installé là en attendant que quelqu’un m’emmène un verre d’eau. Aussitôt que le tenancier s’approchait, je lui lançais une poignée d’écus sur la table. « Un bon verre de rhum, mon cher. J’ai l’impression que c’est ce qui manque pour faire passer ma migraine.»

Ma voix avait été étrangement forte, motivée. Je n’étais comme plus moi-même. Je m’appuyais machinalement sur la table, comme s’il s’agissait de l’un des automatisme les plus naturels du monde alors que je suis d’habitude coincé et tranquille. Même hier, après avoir bu, j’agissais bizarrement. J’étais agressif, je n’avais plus aucune gêne. Peut-être était-ce l’alcool qui causait cela… dans tous les cas, inconsciemment, je venais de redemander de l’alcool tout en me rapprochant d’une personne… d’une femme… moi qui était en espèce de deuil depuis si longtemps.

« Bonsoir, très chère. Désirez-vous quelque chose à boire? Je paie.» Je venais de lui proposer un breuvage. Je venais de proposer de littéralement gaspiller mon argent? Peut-être que la générosité était quelque chose qui manquait à ma vie, tout compte fait. Je ne savais pas quoi penser de cette situation, mais visiblement, j’avais le don de me mettre moi-même dans des situations bizarres, chose que je n’aurais normalement jamais fait. Le mal de crâne me tapait encore la tête, j’avais hâte de recevoir mon verre pour faire passer cette migraine.

:copyright:️ 2981 12289 0

Mar 2 Mar - 17:01

L’étreinte de la folie - LES SYMPTÔMES DE LA HONTE

Je n’avais remarqué la présence du jeune homme en face de moi que lorsque le bruit des écus sur la table vint titiller en moi mon instinct de voleuse. Mon regard vitreux se releva lentement jusqu’à ce que mes yeux argent détaillent le garçon qui venait de commander du rhum. Il était mignon avec ses iris dépareillées et ses longues oreilles bien pointues. Ce n’est qu’après de longues secondes de rassemblement d’informations que je me rendis compte que l’inconnu était de ma race, sa peau et ses cheveux rendant l’observation pourtant évidente enfin accessible à mon pauvre cerveau empoisonné. Un autre elfe noir dans cette contrée lointaine, ça ne pouvait donner qu’une rencontre intéressante!

Mon petit sourire béat n’ayant pas quitté mon visage, quelques mèches immaculées retombant lâchement sur mon front et devant mes yeux, mon regard croisa finalement celui de mon nouveau compagnon qui m’adressa des paroles pleines de charme. Toute boisson gratuite étant bonne à prendre, mon sourire s’élargit et je lui répondis d’une voix mielleuse.

-Quel gentleman… Si gentiment proposé, je ne peux qu’accepter votre offre. Je prendrais un verre d’hydromel pour commencer cette belle soirée, je n’oublierai pas votre générosité.

C’était rafraîchissant quelque part de revoir un membre de mon peuple. Bon, les relations interpersonnelles étaient rarement très agréables en Malgoth, mais ici en terrain neutre j’appréciais déjà la compagnie de ce gentil garçon. Accoudée à la table, ma joue se reposant au creux de ma paume, je repris la parole sans le quitter des yeux.

-Je m’appelle Azalée, enchantée de faire votre connaissance. Il faisait bien longtemps que je n’avais vu de visages partageant mes traits, entre nous il n’y a rien à cacher.

En établissant un contact, avec un peu de chance peut-être allait-il m'inviter à sa chambre pour la nuit. J'avais peut-être l'esprit embrumé par l'alcool ou je ne sais quelle autre sorcellerie, mais je n'en perdais pas le cap. Bref, alors que je tendais ma main libre vers mon comparse en signe d’amitié, j'accrochais malencontreusement la gourde que j'avais précédemment chapardé qui tomba de la table. Heureusement le bouchon de liège avait bien fermé ladite gourde prévenant le désastre, mais je restais quelques secondes mystifiée devant cette maladresse. Moi qui était d'une adresse naturelle hors pair, cette bévue me surprenait au plus haut point. Cependant, ne comptant pas rester là à regarder l'objet inanimé au sol comme une demeurée trop longtemps, je me penchais pour ramasser mon bien qui s'était rendu sous la table. Une fois la gourde en main, je me redressais peut-être un brin trop vite et me cogna la tête sur le dessous de la table comme une belle abrutie.

-Aïe!

Je considérais pendant un instant mes possibilités de fuir à présent que je m'étais couverte de ridicule. Fuir très très loin. En fait, mes joues avaient pris feu après cette deuxième gaffe en un temps record. J'étais habituée d'avoir un contrôle parfait sur moi et mon environnement et là ce contrôle me manquait cruellement. Bon sang mais quelle drogue se trouvait dans cette eau maudite pour m'affecter à ce point?!

Finalement, voyant bien que je ne pouvais pas fuir, je me relevais et cachais mon visage brûlant dans mes mains. Je ne pouvais pas affronter le regard que je devinais railleur de mon compagnon. J'espérais presque qu'il partirait de lui-même, abandonnant mon être ivre jusqu'au bout des ongles à mon sort. Je marmonnais quand même quelques mots à moi-même, ne sachant trop s'il allait les entendre ou non.

-Toutes mes félicitations Azalée, ça s'en est une belle première impression...

Dim 7 Mar - 17:43

«Vis pour ce que demain a à t'offrir, pas pour ce que hier t'a enlevé.»
Feat. Azalée
Je venais d'accoster une jeune femme, comme ça, comme si de rien n'était et comme si c'était la chose la plus banale et facile à faire... chose que je n'aurais jamais fait auparavant. Je me surprenais moi-même à vrai dire, moi qui tentait de me changer les idées et qui voulait retirer Nysali de mes pensées, j'étais bien parti pour une fois... même si la manière de m'y prendre me paraissait des plus zarb même pour moi-même. Alors que je me disais que peut-être c'était l'alcool qui me faisait faire cela, je me rappelais à quel point j'avais bu dans les dernières semaines, et jamais je n'avais réagi comme ça par le passé... ce qui me clouait un peu sur place. Je ne savais plus trop quoi faire... devrais-je cesser de lui parler? Me détourner de cette femme? Me barrer? Non, je lui avais parlé, il était trop tard pour tourner les talons....

Alors que je comptais réajuster mon tir, Azalée, de son nom, m'interpellait, acceptant mon offre si gentiement demandé... et pas que : elle m'offrait également une présentation formelle, et forte en émotion... parce que oui, des elfes noirs, c'était rare d'en voir d'aussi sociable et pas que ; les terres de Myrefall sont un peu loin de Gören, ce qui offre une très petite communauté elfique... surtout les noirs. Nous étions peut-être une minorité, mais entre nous deux, nous étions une majorité. Mes pensées semblaient très profondes, certes, et plus je réfléchissais, moins je comprenais mes propres réflexions...

Arg, putain... ce mal de bloc était insoutenable, j'arrivais pas à réfléchir...

« J'avoue que cela fait un bien fou de revoir des gens de notre peuple.» Mais qu'est-ce que j'avais dit? Je ne le savais pas, je ne comprenais pas pourquoi je réagissais de la sorte. Plus le temps avançait et plus j'avais fortement envie de me barrer de ce bar sans daigner avertir ma compagne de soirée... mais alors que je comptais simplement tourner les talons et me barrer, la jeune femme venait pour me saluer d'une poignée de main, chose qui échoua lamentablement. Celle-ci jettait sa gourde par terre. Alors qu'à mon habitude j'aurais ignoré le malheur d'autrui, je m'apprêtais à me pencher pour la ramasser... mais je ne m'y étais pas rendu à temps, elle l'avait fait, et s'était bêtement frappée la tête sous la table en se relevant. Bon. Me barrer à cet instant exact ne serait vraiment pas bien vu.

« Est-ce que vous vous êtes blessée?» Ma voix avait raissoné tout bas alors que le dénommée Azalée cachait son visage entre ses mains, visiblement honteuse. Je l'entendais marmonner tout bas des félicitations à sa propre personne. Je ne pouvais pas me permettre de la laisser dans un tel état. Je tirais donc une chaise, m'installant devant elle. Ma main se glissait doucement sur l'une des siennes, dans un geste qui se voulait surtout rassurant... rien d'autre. Toutes des choses qui me sont complètement anormales... et rendu là, je ne savais plus comment réagir, je ne savais pas quoi dire... mais mon instinct semblait rapidement prendre le dessus.

« Ne vous en faites pas avec cela, dame Azalée. Il est difficile d'affronter ses démons lorsqu'ils surviennent à l'improviste, mais sachez que tous les détails d'une jeune femme forment son charme. Cela vous rend toute mignonne, ne vous cachez pas pour cela! » J'élevais donc la main rapidement alors que le barmaid s'approchait, pour finalement donner ma commande ainsi que celle de la jeune femme que j'comptais aider le plus possible à remonter son estime personnelle. Visiblement, ma tête agissait bizarrement, et je n'avais plus aucune envie de lutter contre ce que mon esprit décidera de faire de moi. « Je vous demande deux verres d'hydromel, s'il vous plait. Je paie tout.»

:copyright:️ 2981 12289 0