| |  Dim 7 Fév - 4:25 La nuit était noire comme l’encre, aucune étoile ne perçant à travers une couche de nuages épais qui menaçaient de crever d’une seconde à l’autre. Le vent sifflait, les vagues s’écrasaient sur les récifs, et Lieke attendait. Au loin, les lumières de Myrefall s’éteignaient peu à peu alors que ses habitants se couchaient pour la nuit. Elle s’installa plus confortablement sur son rocher, le menton sur ses bras croisés, scrutant l’ombre à la recherche d’un mouvement. Elle n’avait rien pour lui indiquer l’heure mais elle sentait intérieurement que son contact était en retard. Ou du moins l’ennui lui fit décider que quelque soit le moment où il arriverait, il serait en retard.
Cela faisait quelques mois maintenant qu’elle avait tué Philibert Roan qui avait commis l’erreur de vendre des sirènes en esclavage, et la pègre de Myrefall n’avait pas mis longtemps avant que quelqu’un ne s’élève à sa place après quelques temps de chaos où chacun tentait de planter l’autre à coups de couteaux. Elle s’était contentée de se faire discrète quelques temps afin de ne pas finir elle même avec un couteau dans le ventre. Mais les choses s’étaient calmées depuis, et elle avait donc repris ses activités habituelles de couler quelques navires. Elle avait alors reçu une lettre sous la forme d’une bouteille à la mer parlant de partenariat possible. La plage avait été choisie comme lieu neutre, suffisamment proche de l’océan pour lui offrir une fuite facile, sans pour autant lui laisser de trop grandes chances de tuer ses interlocuteurs.
Elle se redressa en voyant une lueur se rapprocher. Elle cligna des yeux plusieurs fois, éblouie, laissant la lumière se rapprocher. Il s’agissait d’une silhouette humaine, dépourvue de cornes, relativement fine. Une sorte d’éphèbe, enroulé dans un manteau qui claquait dans le vent, un tricorne vissé sur les oreilles.
- C’est donc toi qui a remplacé ce vieux Roan, observa la sirène à voix haute, le menton dans la main, l’air nonchalante.
Il n’avait pas l’air bien vieux. Ou peut-être elle, quoique les humains avaient tendance à laisser les mâles diriger les choses. Il n’avait pas vraiment l’air taillé pour le combat, mais entre sa présence à ce moment et le message, elle supposa que son adversaire-potentiel-allié devait briller plus par l’esprit, autrement elle trouverait un moyen de le plumer comme un pigeon.
- Approche toi donc un peu plus, j’aime voir le visage de ceux à qui je parle. |  |
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| | Dim 7 Fév - 12:07 D'un Roc deux coups Feat Lygeia Sungeill
Ce ne fut pas facile de la faire venir jusqu’à un terrain neutre ou nous pourrions discuter. Mais je n’avais pas vraiment le choix, cette créature avait pris mes bateaux pour cible et je devais absolument lui montrer que j’était bien différente de son ancien ennemi. Une chance pour moi, je n'avais jamais touché aux sirènes depuis que j’avais repris les rênes de l’entreprise. Il allait juste falloir négocier maintenant pour le plan que j’avais en tête. C’est pour cela que je lui avais donné rendez-vous à l’écart de la ville et de mes lieux habituels de prédilection.
Ce soir c’est mon double masculin qui irait se présenter à la sirène. La lumière de la lanterne cacherait facilement ce qui ne pouvait pas passer pour masculin chez moi. Je remontais le col et enfonçais mon tricorne sur ma tête. Je marchais en avant, demandant à ma garde de rester en arrière. Il ne faudrait pas lui faire peur dès le premier soir. Je m’inclinais en relevant la lanterne sur mon visage lorsqu’elle m’adressa la parole. Elle ne pouvait pas ainsi ne pas remarquer l’air rieur qui s’était inscrit sur mon visage.
-Bonsoir Mademoiselle, C’est bien moi qui ai remplacé Roan. Vous pouvez m’appeler Roc. Enchantée.
J’avais pris la parole doucement et porté soin à forcer ma voix pour qu’elle ne parte jamais dans les aiguës. J’en avais profité pour détailler la sirène. Elle était belle… Belle et pourtant dangereuse. Le moindre de ses mouvements avait quelque chose du prédateur et j’avoue que le frisson qui me parcouru n'était pas seulement dû à la peur. Un sourire fleurit sur mon visage moi aussi à la manière d’un prédateur.
On sait toujours quand l’on rencontre une personne de la même trempe que nous… L’espace d’un instant, le visage de la femme fut remplacé par un autre et je fronçais les sourcils tout en pensant avec un certaine colère qu’il avait raison. Je ne suis pas une bonne personne et je n’y pouvais rien… Je fis un pas en avant comme elle me le demandait.
-Êtes vous disposée à discuter affaire avec moi ?
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| | Lun 8 Fév - 8:59 Le visage du jeune homme, aux traits si fins qu’ils en parraissaient féminins par moments, passa par une multitude d’expression avant de se renfrogner. La sirène de son côté ne fit rien pour retenir un sourire satisfait et presque mesquin, se redressant sur ses avant-bras pour laisser la lumière scintiller un peu plus sur ses écailles et les trois colliers ornant son cou. Myrefall avait beau ne pas être si loin de Baltoise, beaucoup de ses habitants, ou du moins ceux auxquels elle avait eût à faire, se laissaient bien souvent surprendre par sa beauté, et il n’y avait rien de désagréable en soit quand le spectateur était lui aussi beau.
Elle hocha la tête à ses salutations, n’estimant pas nécessaire de rendre son « enchantement » face au jeune coquelet.
- Tu peux m’appeler Lieke.
Au moins celui-ci avait la cervelle suffisante pour comprendre sa position et agir avec le respect qui lui était dû. Lieke songea qu’elle ferait bien de rester sur ses gardes face à un jeune homme qui semblait monté au rang où il était par son intelligence. Le sous-estimer pourrait s’avérer une grave erreur.
- Êtes vous disposée à discuter affaire avec moi ?
- Je ne t’ai pas encore tué, je crois, gloussa la sirène qui semblait prendre cela comme une affirmation, et renchérit de plus belle.
- A l’heure actuelle, notre arrangement est que tu envoies des bateaux, je les coule, et j’en garde la marchandise, vivante ou non, expliqua-t-elle avec un mouvement de main. La plupart de la marchandise jusqu’ici avait été assez décevante. Beaucoup de denrées de contrebande et quelques esclaves. Il n’y avait guerre que les démons dont la noyade avait encore un intérêt assez ludique : ils le mettaient à faire beaucoup de bulles effervescente en s’enfonçant dans l’eau. Néanmoins, un arrangement était en sa faveur. Couler un navire lui demandait beaucoup d’énergie et la laissait vulnérable pendant quelques semaines à chaque fois. Si elle pouvait obtenir quelque chose en plus d’un peu de calme… c’était la raison même de sa venue. Elle pencha la tête de côté dans un cliquetis de perles et sourit.
- As-tu autre chose à m’offrir ? Quelque chose de mieux ? | | |
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| | Ven 19 Fév - 7:20 D'un Roc deux coups Feat Lygeia Sungeill
Si la sirène respirait déjà la dangerosité à la base, son ton et ses paroles agressives n'étaient pas un bon indicateur de discussion sereine. Elle pensait avoir le dessus et je préférais ne pas l’en dissuader pour le moment. Pourtant ses derniers propos me firent tiquer et je m'empressai de rectifier, histoire que l’on ne parte pas sur un rapport de force biaisé.
-Actuellement, nous n’avons aucun arrangement vous et moi… Coulez des bateaux qui appartenaient à mon prédécesseur et vous gardez ce que vous avez trouvé en échange de la vie de vos sœurs… Ce que je comprends aisément. Pour ma part, je n’ai jamais chassé des sirènes et me suis tenue loin afin de ne point vous provoquer et pour ce qui est des bateaux… Avez-vous remarqué que dernièrement, il y avait moins de “mes bateaux” sur la mer ?
Un immense sourire étira mes lèvres alors que j’observais la sirène intégrer l’information. Elle ne m’était pas supérieure. Nous pouvions partir sur un même pied d’égalité, si elle le voulait, mais je ne plierais pas face à une menace qui ne m’était pas adressée à la base. Je pensais à mon tour la tête sur le côté, laissant le silence s’installer un peu plus longtemps et lorsque, je décidais que ce fut assez, je repris avec le plus grand calme.
-J’aimerais reprendre le contrôle de la voie maritime afin de proposer à mes clients de nouvelles marchandises et comme je ne suis pas une personne qui aime la concurrence…. Si vous me filez un petit coup de main, je peux voir à vous garantir un pourcentage et quelques avantages. Nous serions associé dans une affaire des plus intéressantes… Mais pour cela il va vous falloir accepter que je ne compte pas vous être inférieure, tout comme vous ne le serez pas non plus...
Voilà que j'avais enfin révélé le vrai but de cet entretien. J’avais des objectifs et des ambitions et elle pouvait s’associer à moi et obtenir beaucoup ou simplement refuser. Je saurais trouver une autre personne au besoin. Pourtant dans mon fort intérieur, je voulais que ce soit elle. Une sirène qui avait eu le cran de couler un à un les bateaux de son adversaire sans jamais faiblir serait la meilleure pour ce que j’avais en tête… Mais serait-elle intéressée ? C’était ce qui me restait à savoir.
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| | Ven 19 Fév - 10:14 Elle retint un sourire en l’entendant se défendre d’avoir acheté des sirènes. Son histoire avait donc rapidement tourné parmi les esclavagistes. Mais qu’importait. Nerites était morte, de la manière la plus indigne, et elle n’avait plus en elle l’énergie de s’inquiéter du sort de tant d’autres esclaves. Une pointe de remord la fit remuer sur son rocher. Elle aurait aimé dire au fantôme de son passé qu’elle s’en souciait, qu’elle se battait pour ce qui était juste, mais ce n’était plus vrai depuis des mois, peut-être même des années.
Elle hocha la tête, acquiesçant avec le calme de ceux sachant de quoi ils parlent. Elle n’avait aucune idée de quoi il parlait. Les bateaux, vu de dessous, se ressemblaient tous, à quelques détails de quille et de balanes près.
…
Le silence s’éternisa. Elle se demanda avec angoisse si son ignorance était percée à jour. Elle saurait reconnaître un bateau à ses balanes une fois qu’elle aurait eut le temps de l’étudier, comme l’on reconnaît le visage d’une connaissance dans la foule, mais autrement, tous les bateaux se ressemblaient.
Il reprit la parole, annonçant enfin clairement ses attentions. Ce fut à elle de sourire. Il était déjà sur la bonne voie pour arriver à ses fins, juste en venant la voir. Aussi, de bonne humeur, ne releva-t-elle pas son discours sur qui dominerait l’autre. Il était évident que ce serait elle, qu’il le veuille ou non.
- Je pense que nous pourrions tout à fait faire affaire. Tu me plaît bien, et tu as suffisamment de jugeote et de cran pour faire ce qu’aucun de tes prédécesseurs, ou de tes concurrents, n’ont fait : venir me voir. C’est bien. Tu sais comment le jeu se joue. Mais revenons à ce que tu disais à propos de mes avantages, dit-elle avec un joli moulinet de poignet. Quels seraient-ils ? | | |
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