Une expédition mène toujours vers une deuxième rive... mais jamais la même.
Nous sommes enfin sur Discord! Venez nous rejoindre ici !
Le Deal du moment : -28%
Brandt LVE127J – Lave-vaisselle encastrable 12 ...
Voir le deal
279.99 €

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas
Sam 5 Déc - 0:13

Miguel de Boissière, comte de Neufville



Identification

Nom : de Boissière, comte de Neufville
Prénom : Miguel
Date de naissance : 1475
Sexe : Masculin
Orientation sexuelle : Hétérosexuelle jusqu’à preuve du contraire
Pays et ville d'origine : Myrefall
Race : Humain
Dieu : Zoé le matin, Noasis le mercredi, Nather entretemps

Je veux jouer avec l'influence des Dieux:
Oui[U] | Non[]

Derrière l'écran

Surnom : Miguelito
Âge : Majeur
Comment avez-vous trouvé le forum : le partenariat d’un forum en partenariat d’un forum en partenariat.
Autres personnages : -
Fréquence de connexion : Régulière
Commentaires : Super la police de caractère, vous pourriez me donner la référence ?  king

Description physique

Quel beau drole ma garce de mère a fait, par Zoé ! Celle-là dut donner un bon élan à la brave, car elle n’était plus de la première primeur quand mon père l’eut et qu’elle m’eut par la suite des choses. Quel regard elle me donna en partage, cette bonne mère ! Je n’ai guère remembrance de ses beaux yeux vifs et intelligents, sinon les images troubles et pleines de roseur qui me viennent de l’enfance, car je n’ai tant pu la fréquenter en ses dernières années lorsque, plus tout à fait un enfantelet, je faisais l’échanson pour le prince ou fendais les mers avec mon père et ses corsaires sus aux ennemis du roi. Guère remembrance de ma part, donc, de ce feu liquide et bleu qu’enchâssaient ses grands yeux, mais ceux qui en avaient un souvenir plus vif béaient la gueule en me dévisageant, s’exclamant : « Par Erudith, le spectre de quelqu’un que j’ai rencontré naguère semble vivre dans votre regard, seigneur ! » Et quand je leur disais mon nom, ils s’exclamaient derechef : « Ah ! Vous êtes bien l’enfant de votre mère ! Ce bleu est l’exact même ! » Ceux qui persistaient dans mon examen, passant outre ma mâle membrume, mon col comme un rondin, ma moustache de gandin et ma mâchoire affirmée, revoyaient, dans la régularité de mes traits ou l’encoignure de mon sourire, un peu de ma génitrice.

Car cette belle dame du septentrion, pâle, grande, élancée, la crinière de cuivre et le regard clair, dut mettre les bouchées doubles pour faire un enfant tel que moi quand on connait un peu l’allure du cavalier avec lequelle elle eut à danser cette danse-là. Les dieux me gardent d’être ingrat envers feu mon père mais à la vérité, petit comme il l’était, brun d’yeux - qu’il avait un rien torve -, brun de poil - qu’il avait à foison -, petit et courtaud ainsi qu’un de ces nains du levant, prognathe et le front sillonné de rides profondes comme des gouffres, il paraissait une lune noire et son épouse un soleil de zénith quand ils s’accompagnaient. Ses occupations d’homme d’épée noircissaient encore un peu sa laideur : les sempiternelles chevauchées avaient arqué ses jambes et sa démarche, le soleil des océans rendu sa peau en une corne bistre tandis que les commandements avaient travaillé en son poitrail un coffre si puissant qu’il pouvait se faire entendre (et donc obéir) à six lieues à la ronde et qu’il pouvait parler d’un ton trop dur comme une lame ne sachant point son affût.

Non pas que je renie mon père ou sa semblance, trop conscient qu’en mon allure un peu brusque, mon énergie parfois brutale, mon nez imposant quoique cassé, ainsi que dans mes façons gît l’héritage de cet homme, peut-être plus encore que dans le reste de ma fratrie. Après tout, mon cheveu de corbeau, coupé à la sarmate, rasé sur les côtés et finement houppé au toupet, je le tiens de ce dernier, tout comme cette mâchoire fort dessinée, ce menton osseux et cette charnure robuste.


Description psychologique

Mais hélas ! Hélas ! C’était cette paire d’yeux de ce bleu unique qui faisait devant tout mon orgueil. Or orgueilleux je le suis, j’en conviens, car je voyais bien comme ces topazes azurées encharmaient les donzelles ! L’amour irraisonné de mon père pour les élégances et les moeurs libérales du septentrion de ma mère s’infusèrent en moi, se concoctèrent en moi comme un philtre de sorcière dans un chaudron. Armé de ces vices et vanités parentaux en sus de la jeunesse, de la beauté et de la fortune, je fus comme dédié à la courtoisie, à la paillardise et aux éclats. Blâmeriez-vous la pierre de rouler en l’aval de la pente plutôt qu’en amont ?
Ambitieux je ne le suis point par friandise mais bien par nécessité, issu comme je suis d’une race qui jamais ne déchut. Quel dégoût que de voir manants et demi-races s’ébranler furieusement vers les soleils des gloires comme des papillons vers les torchères non pas pour porter un fardeau que leur famille souffre depuis le Scellage mais par croyance que l’herbe est plus verte chez le voisin. Eh quoi ! A-t-on plus grand plaisir à mourir dans un naufrage comme un esclave de la chiourme plutôt que vieux et sous son toit ? Est-il vraiment plus enviable d’être lardé par le fer ennemi plutôt que suer un coup aux foins ? La cour et ses assassinats, ses cabbales et ses tiédeurs fétides serait-il meilleur logis que le sien propre, où on est maître et avec femme et enfants ?

J’aurais donné mon second oeil pour vivre paisiblement à l’ombre des châteaux plutôt que dedans eux. Ma vie tracée, à n’obliger rien à mes enfants quant à la leur et n’être obligé en rien dans la mienne par le nom de mes parents. Cette pensée rêveuse, que j’ai souventesfois quand ni vins ni femmes n’arrivent à moudre ces gros caillots d’angoisse qui me montent à la cervelle au noir de la nuit, cette songerie je me la ressasse comme une prière quand je m’imagine pris par l’ennemi, esclavé ou disgrâcié ou banni ou dépossédé ou abaissé. Et je sens sur mes épaules, sur mon échine tremblante, ces générations des miens, rois et démonocides, ces centaines de regards qui me décortiquent de haut comme un firmament de juges.

C’est bien la seule crainte qui me reste, je soupçonne : déroger, décevoir, être le maillon coupable d’une longue chaîne. C’est, je crois, cela qui me rend si impavide face au péril, si sûr de mes ordres et si droit en mes calculations : voir scintiller la mort, surtout si on peut la rendre belle, m’émeut comme une sirène ferait. Mourir, mourir au feu, mourir comme il faut ! Et ne plus être obligé de rien. Cet air-là me plaît bien et me console aussitôt de la vie. Qu’on ne se fourvoie pas, j’adore cette garce-là, je la brûle à tout bout, elle qui est pleine de bontés et de grâces, de femmes à aimer et de torts à punir. Et l’idée de cette longue et froide et grise embrassade que me prépare Erudith m’arrache toujours un soupir ennuyé. Enfin !... C’est ainsi, personne n’est magicien, tout du moins pas à ce point magicien.



Description de la magie (type de magie)

Type de magie: Antimagie.
Description: Les arcanes de ce que j’appelle contre-magie m’ont été enseignés par un vieux maître elfe, aussi, combien que personnelle ai-je su rendre ma pratique de cet Art, mes contrecharmes portent la griffe de mon professeur, pour qui la vie se nourrit de vie, laquelle, pour cet être centenaire, peut être prise sans remords tant qu’il la juge inférieure. Ainsi m’a-t-il introduit aux différentes natures des souffles vitaux, du végétal jusqu’à l’humain, m’exposant avec une froideur académique l’usage prescrit pour chacun, développant en de longs cours les sacrifices les plus efficaces pour chacune des intentions du mage. Si cette méthode me paraît macabre et que, vénérateur de Zoé, j’ai un pincement et une prière pour elle à chaque rituel victimaire que j’effectue, la philosophie de mon maître est fortement ancré en moi. En outre, homme de la nature habitué à ce que la vie de l’épeautre, du boeuf et du gibier soit prise pour sustenter la mienne, mes réflexions me portent à croire que ces rites qui m’ont été enseignés rejoignent un grand cycle vital tout à fait naturel. Je grave mes termes et symboles dans la graphie elfique que m’a appris mon maître.

Niveau mineur: Objets contre-magiques. Ceux-ci peuvent être très divers, ainsi que leurs effets. Bien que les plus simples annulent toute magie dans un cercle très court (souvent aux alentours de son porteur), d’aucuns peuvent dégager une émanation contremagique capable d’aller jusqu’à cinq mètres, voire plus si le talisman a un but d’annulation spécifique (s’il se limite à interférer contre une seule arcane ou un groupe d’arcanes particulier).
Niveau mineur - CONTRECOUPS: Mes talismans sont souvent viciés de nombreux handicaps, n’ayant pas la maestria de mon professeur. Aussi, par souci d’économie, bien de mes talismans s’activent au contact d’un être vivant, restant comme en veille le reste du temps. Les matériaux dans lesquels sont gravés mes symboles ont également leur incidence, si les métaux et les pierres précieuses ou semi-précieuses sont les meilleurs vaisseaux de mes enchantements, les gravures produites sur des matières moins nobles donneront des résultats plus aléatoires et des effets moindres. Ainsi un terme inscrit dans l’écorce d’un arbre à la va-vite risquerait de produire une contre-magie faiblarde ou de vampiriser la vitalité de l’arbre ou des alentours rapidement.
Je lie souvent mes inscriptions et leur support par le ciment d’une vie, faisant dégoutter sur lui le sang d’un animal sacrifié pour le but de mon rituel. Plus le matériau est ‘noble’ et plus l’âme offerte ‘grande’, plus l’énergie magique scellée sera importante. Bien que la majorité de mes talismans peuvent s’animer par la seule force de cette énergie diffusée en eux par l’offrande, il arrive qu’absorbant un gros flux d’énergie, l’objet ne puisse supporter sur ses seules réserves l’effort de transformation qu’il emploie, et puisera alors aux alentours l’énergie dont il a besoin. Un don de sang, de même nature que le don fait lors de son inscription, endormira cette soif d’énergie. Son bénéficiaire pourra également donner un peu de son propre sang ou celui d’un être d’une nature différente que l’être qui servit à l’inscription, mais en ce cas, le talisman risque de réagir moins raisonnablement, sa soif d’énergie point tout à fait pacifiée ou ses effets devenant plus aléatoires. Cet entretien bâtard de l’âme du talisman, à la longue, pourrait briser et le sortilège et l’objet qui le supporte.
Si mon maître m’a enseigné que le souffle animal est supérieur au souffle végétal et que le souffle d’un être doué d’intelligence est supérieur à celui d’un souffle animal, je ne goûte guère aux rituels victimaires comportant un humain ou toute autre race civilisée, bien que j’ai pu observer dans la pratique, que le souffle démoniaque, même mâtiné de bâtardise humaine, est un puissant ciment qui donne une puissance extraordinaire à mes créations.

Niveau intermédiaire: D’autres objets demandent plus de patience et de force vitale en ce qu’ils sont dotés d’une plus grande puissance et d’une plus grande subtilité. Ainsi mon troisième oeil supporte de tels charmes et est une bonne illustration de ce niveau de contre-magie. Combien que n’annulant point toute magie à sa ronde, il permet à son bénéficiaire de voir comme si les sortilèges d’illusion et d’altération eussent été levés, passant outre ces sortilèges et révélant leur fauteur au troisième oeil. Versatile, le talisman est capable sur une formule de se renverser sur un autre mode, devenant alors comme un artefact de niveau mineur, avec cependant une influence plus grande, allant jusqu’à 20 mètres à la ronde. D’autres formes de ce niveau intermédiaire existent, l’une des plus fantasques consiste à placer une gemme gravée au sein d’une tête de flèche voire dans la balle d’une pistole, ycelle, une fois dedans le corps de quelqu’un, l’empêchant, plus ou moins fortement, d’user de sortilèges (cela va de simples interférences à l’annulation pure et simple de sa magie jusqu’à ce que l’objet ait été ôté de sa chair, en passant de fortes douleurs lors de l’utilisation de l’Art voire des effets pervers au sort).
Niveau intermédiaire - CONTRECOUPS: Ces talismans d’un niveau supérieur demandent souvent un travail en amont plus considérable. Souvent les matériaux requièrent le service d’un artisan capable de modeler le vaisseau le plus apte à recevoir l’inscription. Le sacrifice, s’il est rarement plus important en termes de force vitale de la victime, requerra cependant l’infusion de la propre énergie de l’inscripteur, ce qui peut aller jusqu’à le mettre sur les genoux pour les prochaines heures voires journées. De même, selon les effets contre-magiques requis, certaines sizygies, périodes lunaires et mouvements zodiacaux auront leur importance pour le bon déroulement de l’inscription.


Histoire et passé

Je suis né, à bien y regarder, d’un contrat de location. Non pas une affaire de petits sous, nenni ! Un contrat de location de conséquence, certes, mais tout de même, c’est un fait amer quand on le rumine en bouche. Si votre pédagogue vous a bien empli le crâne, ou si vous êtes assez vieux pour avoir entendu la nouvelle quand elle était encore toute fraîche, voire encore êtes-vous de ces Viermontais qui ont décidé de revenir dans leur patrie et y planter la tente, alors savez-vous qu’il existe, à quelques heures de chevauchée de Myrefall, un étrange assemblement de masures à la septentrionnale que l'on nomme port de Doveport.

Je n’ai de grandes lumières pour vous éclairer sur cette étrange apparition, et comme j’ai fait assavoir plus tôt, cette agglomération de gueux des mers ayant, à mon grand dam, présidé indirectement à mon surgissement d’en dehors les cuisses de ma génitrice, je confesse n’avoir jamais cherché plus avant les raisons de cette marotte. Aussi vais-je conjecturer sans grand sérieux sur l’affaire, ses causes ou ses conséquences. Myrefall, à mon humble sentiment, a toujours été plus offreur d’explosions séminales que receveur : c’est que mon heureux royaume, béni de sols tant fertiles, est très riche de bon blé comme d’ivraie et, ainsi, doté à chaque génération d’une innumérable troupe des bonnes gens comme de forbans que de siècle en siècle la terre expulse vers la mer à la quête de lopins qu'ils pourront dire leur propriété. Ainsi naquit le duché de Viermont, ainsi les comptoirs basseterrois ou, plus infortunément, les humains esclavés des diverses races abhumaines.

Or donc quand les Myrefallois se prirent la giclée colonisatrice de leurs cousins du nord plutôt qu’ils ne l’envoyèrent, je ne peux que présumer que les choses ne furent pas fêtée avec grand enthousiasme. Cette entreprise l’était-elle, entreprise, en bonne intelligence entre les deux monarchies humaines, l’union entre mes parents, le cas échéant, servant de ciment à cet accord ? Ou au contraire, pris de court, les deux rois, embarrassés par cet imprévu jaculatoire qui eût pu les brouiller, décidèrent de donner des semblants de concorde à ce bazar en brassant un mariage ? Pour la dernière fois, je l’ignore.

Ce que je n’ignore, en revanche, est le déplaisir de mon père à l’annonce de cette alliance dont il allait, pensait-il, faire les frais. Mon père, Emile de Boissière, comte de Neufville, était à ce moment un gentilhomme d’extraction très honorable mais dont le futur était incertain. Il était en effet le neveu du roi de l’époque par son père, un puîné de la famille royale qui avait reçu en apanage le comté de Neufville et su faire une belle alliance en s’unissant à l’héritière de la seigneurie de Boissière. Las ! Emile de Boissière n’eut pas la veine paternelle : vieillissant, sortant d’une longue et stérile union, sans fils donc, sans descendance aucune pour assurer sa postérité, il ne scrutait pas d’un oeil très engagé la nouvelle femme avec qui voulait le marier son monarque. La fille n’avait pas seize printemps, plutôt le double, et bien qu’elle fut un - relativement - bon parti, soeur du roi de Viermont et tante du prince Vicard, elle n’en restait pas moins une Septentrionnale, dont la réputation de paillardise était proverbiale.

Il fallut bien des sermons du roi sur l’intérêt supérieur du royaume, la promesse d’un plantureux trousseau ainsi que, je le soupçonne, l’ajout de l’amirauté de la course à sa collection d’offices pour que mon futur géniteur accepta finalement cette affaire qui lui paraissait une mésalliance.

Aux noces, quand l’époux rembruni découvrit la beauté de sa nouvelle femme, au lieu de se réjouir s’alourdit d’une jalousie farouche. Il craignit si fort que cette accorte vicieuse ne fût possédée par un autre que lui, avec - sinon son aide - du moins son consentement qu’il l’enferma pendant leur première année de justes noces dans leurs appartements du château de Boissière, sis à quelques heures de marche d’Airlies dans les vallées quartventines. Je m’imaginais souvent ce séjour dans sa lumière la plus noire : ma mère, enfermée par son méchant sire, au plus haut et froid étage des tours de Boissière, soupirant après quelque preux chevalier qui dût la délivrer de cette horrible prison. Je mâtinais, l’âge avançant, cette légende noire brodée par les romans de chevalerie et mon Oedipe avec les témoignages de ceux qui vécurent dans les lieux de cette étrange de lune de miel, parmi lesquels mes propres parents et précepteurs.

Après quelques mois d’une méprisante abstinence mue par la crainte que le champ fût déjà pris par une autre graine que la sienne, mon père, au lieu de s’aigrir de cette chasteté, s’adoucit progressivement, honteux d’employer un si bas calcul. Du moins est-ce l’air qu’il me joua, mais sachant la cautèle de ce chien de guerre pour qui, en guerre comme en amour, tout est permis, le doute m’habite. Car en effet habitaient avec l'heureux (?) couple des suivants que le seigneur de Boissière choisit avec un grand doigté, si bien que cette foule nombreuse et bariolée fit presque oublier à son épouse qu'il était le seul homme en tant que tel auprès d'elle. Mon père, si je n'avais connu que l'abord rugueux et vociférant qu'il donne au soldat et au corsaire, m'aurait bien surpris d'avoir un fond si éloigné de cette forme trapue et loucheuse qu'était son corps mortel.

Mon géniteur, fort riche et fort savant, a toujours vécu son existence au rythme du branle-bas de combat. Quand il n'était pris par les affaires de l'Etat ou les montres de ses gendarmes, son oisiveté était prise d’assaut par ses innombrables loisirs et intérêts. Aux haltes de chasses, il se faisait lire les écrits des philosophes du temps de la Faille, à son souper, il accueillait les récits des docteurs, les discours des mages et s’essayait, avec un certain succès, aux joutes poétiques avec les trouvères qui jouissaient de son amitié. Chacun homme de savoir ou d’art était assuré d’avoir le feu et le sel là où séjournait le seigneur de Boissière, tant il chérissait ce qui était bon et beau. Vraiment, je sais qu’il est mon père et que les yeux de l’enfantelet que je fus rosit son image, mais c’est lamentation qu’un si érudit serviteur fut ravi à notre royaume.

Quand mes frères et moi vînmes en ce monde, l’alerte de mon père se relâcha quelque peu ; son sang transmis, il se fit moins présent, au loin sur l’océan ou à la cour. Le château et ses habitants restèrent cependant longtemps les suppôts de ses volontés secrètes, et les hommes toujours aussi peu présents, du moins ceux de race humaine. Car autour de nous, en sus des esclaves démonets qui n’étaient admis dans le logis des seigneurs, nous jouissions de l’enseignement et la compagnie de plusieurs elfes d’un sang assez pur, yceux appréciant les bois entourant le château et les grosses sommes d’argent que notre père leur versait pour nous faire la leçon, mais également d’un esclave elfe noir castré que mon père avait acheté par curiosité d’érudition mais que son intelligence et sa probité lui rendirent si cher que, dans son testament, il l’affranchit avec assez d’or pour vivre dix ans sans rien faire. Autre marotte paternelle, il avait su par je ne sais quel prodige débaucher une nourrice dwarve afin de nous nourrir de son lait, qu’il avait lu bénéfique au développement des enfants. Si ma mère refusa tout net que je bûs au sein nain, craignant qu’elle ne me rendît tout petit, elle accepta pourtant pour mon petit frère Vicard mais, trois ans de ce soin plus tard et trouvant des signes de nanisme à mon frère, elle chassa la nourrice. J’ignore si elle a bien fait, car aujourd’hui, Vicard avoisine les deux mètres et pourrait lutter contre deux taureaux réunis.

D’autres représentantes du beau sexe, moins exotiques cette fois-ci, se comparaient du coin de l’oeil, parfois se rapprochant et formant des amitiés, mais irrémédiablement séparées par leur différence. Il s’agissait du carré de dames de compagnie de notre mère, la garde rapprochée de la comtesse de Neufville, et les quatre chevaleresses dépêchées pour notre protection par notre père, et officieuses gardiennes de son honneur marital. Si lui les avait sélectionné pour leur bravoure et leur sens du devoir, paladines parmi toutes, selon les craintes qu’il entretenait sur le tempérament primesautier et sulfureux de ma mère, j’ignorais si elle avait choisi ses servantes pour leur vice et leur ruse pour une raison particulière ou si c’était ainsi qu’étaient les femmes de haut parage de la noblesse viermontoise. Ces deux troupes de guerrières, les unes à Nathyr, les autres à Noasis, ne laissèrent pas d’égailler les jours parfois mornes de notre enfance à Boissière d’une petite guerre larvée où l’esprit, je vous assure, était bon enfant, si on excepte la mort de l’une. Mais j’ai déjà trop divagué dans mon enfance et cette péripétie me fourvoirait plus encore dans les méandres nostalgiques.

Peut-être m’appesantis-je sur cette période sans nuage car la suite m’est plus douloureuse. A mes sept ans, je suis envoyé à la cour pour ma pagerie au sein de la maison du roi, où j’y rencontre Anastasia, rejoint quelques années plus tard par le reste de ma famille, qui prend ses quartiers dans notre hôtel. Cette époque de mon existence me paraît encore étrange, car si bien des parents de ma horde de camarades résident quotidiennement à la cour et peuvent exercer leur contrôle sur eux, mon père était quant à lui occupé de vilaines affaires de course et de piraterie et ma mère encore recluse en son domaine de Boissière. J’étais, de fait, sous l’autorité de mon parent le plus proche, le roi, mon oncle à la mode de Bourgogne, tandis qu’Anastasia, orpheline, était elle-même sous la tutelle royale. Autant dire que nous étions deux poulains à qui l’on avait lâché la bride car le roi, indifférent ou pris par la course du royaume, avait autre chose à torcher que les bêtises de deux droles. Quand j’arrivais à extirper Anastasia de ses transes studieuses, nous courions au triple galop dans le plat pays, nous épanchions, fourbus et gais comme enfantelets, de nos centres d’intérêts, je lui parlais, gamin de campagne, des sentes de son pays, des forêts royales, des filles et de mon pays quartventin, elle des leçons des maîtres, les difficultés délicieuses du violon et de ce poids qui, dès ses 5 ans avaient peser sur ses frêles épaules. Je crois bien que c’est Anastasia qui, par demi-mots et émotions contenues qui portaient plus de puissance d’évocation que le lai d’un barde, pénétra en moi ce savoir maudit que mes parents étaient mortels et qu’une charge immense attendait mes propres épaules. Et je crois bien que c’est moi qui mis, par mes racontotes sur mes jeux d’épée avec les chevaleresses, dans la cervelle de cette fille de conseiller royal, homme de robe et d’esprit mais non point de guerre et d’épée, l’idée d’apprendre l’usage des armes.

Ah ! Ces entraînements, d’abord secrets, ces triples-galops, ces épanchements, que ces remembrances ne laissent pas de me navrer le coeur. Anastasia ne fut point mon premier amour, peut-être pas même le quatrième, et je soupirerai d’amour pour trois autres donzelles dans l’année où je la rencontrai. Mais d’amitié, de forte et pure et belle amitié comme seuls deux enfants ainsi que nous étions en fussent capables, Anastasia fut la première, et certainement celle qui me fit payer le plus cher cet attachement qui nous liaient. Des années heureuses coulèrent, réuni avec ma famille, j’étais bien aise de voir comme mon père, les tempes blanches, la moustache argentée, ne se laissait point aigrir par le temps. Tout au contraire, voyant la destinée de sa maison bien en selle, ayant pacifié l’océan pour un temps au moins, il goûtait toujours plus la compagnie de ses enfants et... de sa femme. Il arrive qu’en vieillissant, on se raidisse, on durcisse, comme un prodrome de la rigidité du cadavre ; mon père quant à lui s’assouplissait. Il avait assez voué à Noasis, il embrassait à présent les occupations de Nather. Ainsi donc, l’âge venu, ils nous initiait aux rouages de ses offices, aux réelles pratiques de la guerre, petite ou grande, sur mer ou à terre. Avec sa faconde autoritaire et pleine de verve, des exemples tirés des anciens comme de ses propres expériences, il passa des années à nous apprendre le métier, et plus il professait, plus nous nous apercevions de notre ignorance et de sa grande sapience sur tant de choses.


C’était un jour que je m’émerveillais et méditais un coup d’échec que mon père, dans une fulgurance géniale, avait manoeuvré lors de notre dernière partie. Comme il était tard, que je devais partir à l’aube pour Airlie et que je restai comme un boeuf médusé devant cette étrange manoeuvre, il me donna mon congé et assura que nous reprendrions la partie à mon retour. Une journée après mon arrivée à Airlie, j’appris que ma mère et mon père avaient été massacrés au sein même de leur hôtel, à la capitale.

Il y a un vieux conte de superstition qui se répétait parmi mes hommes sur mon compte. Un tic nerveux agitait autrefois mon oeil droit au hasard, juste comme ça, et qui me donnait alors des airs de volcan sur le point d’érupter. Une fois mon oeil perdu lors de la bataille contre les gens du démon Terath, tous mes marins et mes soldats s’accordèrent pour dire que ce tic était au vrai comme un augure qui avait annoncé, dès le début de mon commandement, mon éborgnement futur. Malgré mon respect pour les mages sachant lire l’avenir, je ris encore de cette sotte interprétation qui voit à contrecoup des signes partout. Cet étrange tic, s’il m’apparut dès que je pris de fait la place de mon père à la tête des gens de guerre, n’avait rien de prophétique, il s’agissait bien de la conséquence du combat que se livraient Nather et Noasis en mon for en intérieur.

Car à l’annonce de l’assassinat de mes parents, un inexpugnable désir de mort et de destruction m’emplit et me brûla le coeur dans un lent feu froid. Je ne sus pas toujours résister au poison de la vengeance que Nather instillait en moi, et bien des innocents eurent à regretter les purges que je m’accordais aux dépens de leur personne et de leurs biens. Pendant mes premières années à la tête des guerriers de notre île, je me dissipais dans des chasses aux chimères, traquant chaque rumeur qui eût pu courir sur l’identité des tueurs de mes parents et leur origine. Tels des chiens fous, mes frères et moi battions les campagnes, frappant au coeur de la nuit, mettant à la question et punissant tout suspect qui nous était désigné, furieux qu’un tel crime pût rester impuni.

Le roi, comme il nous voyait courir et landes et mers à la poursuite d’ombres, aveuglés par le chagrin et la haine, devint plus circonspect vis à vis des fils du sire Emile de Boissière. Est-ce par peur qu’il nous montra son mécontement ? S’agaçait-il de cette affaire, qui l’embarrassait d’être impuissant à rendre la justice, et que chaque jour passé à la cour, nous répétions à tue-tête, retournant le couteau dans la plaie ? Ou bien sont-ce les cabbales des courtisans qui eurent raison de ses bons sentiments envers nous ?

Bientôt le roi mit en suspens plusieurs de nos charges, héritées de nos pères, qui avaient su, par politique et par habileté, concentrer en leur seule main tous les offices dédiés aux choses militaires. Parmi les plus illustres qu’il nous suspendait furent la capitainerie de sa garde royale, par loin la plus haute, qu’il confia à un cousin et la capitainerie des gens de pieds, la plus essentielle et la plus grande de nos charges, qu’il mit à l’administration de ma propre soeur de coeur Anastasia. Cette disgrâce, que le roi promettait d’être temporaire si nous revenions à des attitudes plus raisonnables quant au meurtre de nos parents, nous frappa en plein dos. Nous qui croyions avoir assez d’ennemis pour une vie toute entière, nous découvrions avec stupeur qu’au sein même de la maison de notre souverain, on manigançait contre nous, on intriguait pour nous arracher tout.

Anastasia, quand je la confrontai sur cette traîtrise, protesta de sa bonne foi, m’assurant qu’il était pour mon avantage qu’elle gardât ainsi une de mes charges, afin qu’elle ne tombât pas entre les mains de mes rivaux à la cour. Cet air-là ne me plut guère, et à la vérité, moi qui suis une montagne au milieu du fracas, je donnai à ma soeur devenue mon ennemie la bien belle pature que celle de ma plus belle colère et désespoir. Une rage de larmes aux joues, le poing fermé à en briser les jointures, je pris mon congé d’elle après l’avoir honnie froidement de sa conduite perfide.

Je partis de mon île parmi mes corsaires, qui avaient aimé autant que moi mon père et aimaient la picorée de mes expéditions autant que j’en aimais les carnages. Loin de la cour, assouvissant ma soif de justice sur les ennemis du roi, cet exil tempéra par le temps et par les amours ma conduite. Un concours de circonstances, peu ou prou un an après, acheva de me faire rentrer dans la faveur de mon roi qui, le chef de sa garde ayant été emporté par la fièvre, me rendit cette capitainerie ainsi que celles des gens de pieds, dont la lieutenance avait été accordée à ma soeur félonne. Bien des voix s’élevèrent pour me louer ce geste d’amitié d’Anastasia, qui aurait prié le monarque de me rendre ce qu’il lui avait baillée, mais je n’y crus point et si j’eusse prêté du crédit à cette fable, à quoi bon ? il était trop tard, Anastasia et moi-même, monstres d’orgueil que nous étions, avions rompu et étions fâché, mettant chacun un point d’honneur à ne jamais rebâtir ce pont si solide qui fut si douloureux à briser.

Retournés aux affaires de leur père, amis à nouveau avec leur parent le roi, les gentilhommes de Boissière redonnèrent un peu de son calme au royaume. Nonobstant, cette dure succession nous avons déjà vieilli et aigri, combien que damoiseaux nous étions. Aîné de ma fratrie, je n’avais que dix huit printemps et la fortune avait déjà jeté sur moi la mort des miens, les cabbales de la cour, l’exil, la disgrâce et la sordide guerre sur mer. L’assassinat avait laissé un grand vide dedans moi, ainsi que l’absence de ma bonne amie Anastasia, à la cour je ne m’y sentis plus jamais en sûreté. Pour dissiper mes troubles, je calquais mes façons sur ceux de mon père, non point tant par raison que par peur de l’introspection, qui m’était tant douloureuse ; je me résolus donc à être en tout temps débordé d’affaires. Tout absorbé aux gouvernements des gens de mer et de terre, je m’emmitouflais dans leur presse tapageuse, riant et buvant avec ces mauvaises gens, je partais à la mer ou chassais le cotillon avec rage, la quiétude de l’océan et les bras des garces semblant seules capables de lénifier un peu mes regrets et anxiétés.

La dernière grande embûche de ma jeune existence eut d’ironiques propriétés de curation pour mes plaies. Ce remède improbable se présenta sous la forme d’un large navire conduit par la bande du capitaine Terath. Sûr comme j’étais, servi par des canailles sans peur du sang et des mages les plus redoutable de l’océan, fort et invaincu, je donnai la chasse aux démoniaques avec mon énergie habituelle. La nef capitane, fleur des flottes royales, avait la supériorité en tout point sur l’imposant vaisseau des Terathiens. Le nombre, la hauteur, tout aurait été joué assez sûrement si le Seigneur de l’Océan, nom de bateau pirate, n’avait un atout maître en la manche : quand nous fûmes à l’abordage et nous aperçûmes de notre très grande erreur, il était trop tard. Englué dans une sphère ôtant toute magie aux deux équipages, je tentai, à ma grande honte, de décrocher notre nef du combat, mais quand nous débandâmes enfin, les démons, prémunis contre les sorts des nôtres, avaient fait leur moisson. Pour dix corsaires un seul restait sur pied, les mages qui ne pratiquaient que le combat de sortilège avaient presque tous été occis par les démoniaques, quant à moi, dans les heurts, j’avais été navré partout dans le corps et au visage, si bien que j’y perdis mon oeil droit et étais plus mort que vif quand nous parvînmes à fuir.

Cette défaite, la première et la plus cuisante qui fut, devrait certainement me donner plus de vergogne. Et elle m’en donna son comptant, certes, mais, jeune capitaine de vingt ans, je pleurais plutôt sur la déchéance de mon bon corps et faisais surtout le deuil de ce cher regard qui avait tant plu. Mais, comme j’étais alité et seul avec mes pensées, je m’aperçus que, par quelque exercice de pensée bizarre, je craignais moins la confusion de ma vie. A mon roi, dont je craignais tant qu’il me retirât sa confiance, j’avais donné ma beauté et mon oeil ; ça ne valait l’expérience de mon père ou une belle mort, mais enfin, je trouvais alors le sacrifice bien beau, et il scellait, selon moi, mes commandements à ma personne par tout ce sang que je leur avais offert. Enfin à mes ennemis invisibles, à ces courtisans et assassins tapis dans les ombres, qui formaient en moi une si grande et redoutable hydre, se substituait un adversaire certes plus fort mais moins lâche, fait non pas de murmures et de sombreur, mais d’écaille et de feu. Terath me sauva certainement en m’offrant ainsi un visage auquel me raccrocher.

Ma rémission, combien que désespérée selon les physiciens, fut difficile mais sûre, fortifiée que j’étais par cet esprit de revanche qui me nourrissait. S’ajouta à cette haine guérisseuse un soutien imprévu dépêché par la providence de Noasis : un ancien de mes maîtres elfes, qui m’avait porté une affection particulière et avait lu ma prédisposition à la contre-magie, entendit de loin en loin les amères tribulations de mon existence et se rendit à mon chevet. J’ignorerai pour sûr toujours quel élan l’avait porté jusqu’à moi, et si je veux croire qu’il y avait quelques miettes de compassion envers mon sort dans son transport, je sais assez bien la vie de vagabondage qu’avait mon maître pour soupçonner qu’une faim d’argent frais avait dû aussi le mouvoir. Car notre homme, pas tout à fait de sang pur mais point tant métissé que ça, avait le cul mal assis entre deux chaises : les hauts de sa race le reniflaient d’une part, l’assimilant à un intrus, mais sa grande éducation d’autre part l’empêchait de travailler sans vergogne, bâtard d’une noble gent qu’il était. Aussi s’astreignait-il à un semi-exil au sein des siens comme ailleurs, vivant dignement sans se salir les mains puis, quand le pain venait à manquait, faisait le pédagogue auprès de quelques grande famille pendant une décennie, engrangeant un vaste pécule qu’il mangeait les décades suivantes.

En sus de cette fringale d’or et de la sympathie qu’il eût pu me porter, je crois aussi qu’il avait une petite revanche de son cru à prendre sur ma mère. Comme j’ai dit, cet elfe-là n’aimait travailler et ne donnait guère d’indices sur sa condition servile quand il le faisait. Ainsi, au château de Boissière, si personne ne vous eût détrompé, vous auriez pu croire que ce serviteur était le maître de céans tant il faisait montre de pompe et d’une autorité naturelle en tout. Aussi quand ma mère lui eut interdit de m’enseigner plus avant les arcanes contre-magiques, mon maître l’ignora si bien qu’il fallut une année pleine et les insistances combinées de père et mère pour qu’il feigne de relâcher sa prise. Mais en secret, piqué de frustration que ces petits singes lui imposaient, il me professait ses savoirs avec des airs de conspirateur, et quand, son service conclu, il venait parfois me visiter, il me demandait quelles avancées j’avais fait dans sa discipline, me tançait de mes maigres progrès et grommelait quelques rudesses contre ma génitrice. J’avais bien tenté de mon propre chef de pratiquer ses exercices et de lire autant de théories que je le pouvais, mais sans temps ni tuteur dignes de ce nom, je n’achevais que de renforcer mes bases, que j’avais au demeurant excellentes. Mais ce vieil elfe extravagant, qui maîtrisait son art tant par son sang que par une pratique immémoriale, se courrouçait de mon niveau d’initié, moi qui étais déjà si près du seuil de la mort. Vraiment, cette éducation qu’il n’avait pu mener à son cours, barré par sa patronne, était une blessure d’amour-propre qu’il semblait ruminer souventesfois.

Si bien que lors de mon alitement, il ne fut pas long à apparaître, et avec un incroyable présent qu’il avait fait pour me soumettre tout à fait à ses enseignements. M’ayant su éborgné de l’oeil droit, il confectionna dans la plus grosse perle que jamais ne vis un puissant charme de contre-magie, m’offrant ainsi un troisième oeil pour remplacer le deuxième. L’artefact me donnait comme une seconde vue, désagréable au début, mais qui me devint naturelle au fur et à mesure, ladite vue perçant chair et vêture, mais n’offrant aucune vision du monde profane, sinon des silhouettes vagues et des nuances de gris, mais décelant les charmes altératifs et illusoires sans pour autant les dissiper. C’était un bien habile objet plein de la subtilité et de la maestria de mon professeur, que je remerciais avec effusion de ce merveilleux présent, ne sachant pas encore que j’allais devoir payer son cadeau au centuple.

Nous profitâmes de ce temps où j’étais cloué à mon lit, mes jambes pas encore remises de ma fuite face à Terath, pour former enfin mon énergie comme il fallait, et lorsque je pus me porter, pas encore tout moi-même, limité dans mes mouvements et la direction des hommes, je jouissais d’une bonne portion de temps que j’engageais auprès de mon maître plutôt qu’à la chasse au cotillon ou à la boisson. Non pas ces choses m’avaient passé, et je dus bien me permettre quelques écoles buissonnières, mais je pressentais qu’en ces arcanes qu’il m’offrait reposaient les armes qui vaincraient les démons qui m’avaient ôté mon premier oeil droit.

Mettant ma logique, que j’avais robuste, à ma revanche, j’avançais à grand pas dans mon initiation, si bien mon tuteur se lamentait qu’on l’eut empêché de me prodiguer son éducation lors de ma jeunesse, jurant qu’il aurait fait de moi un excellent maître plutôt que cet honnête praticien, bon certes, mais incapable de génie à cause de mon cerveau qu’il jugeait trop passé pour recevoir l’étincelle divine qui eut fait épanouir mon entier potentiel. A ces regrets je reniflais sans grand émoi.

J’avais vingt deux, ma voie était déjà toute tracée. J’étais un chef du royaume, un capitaine de mon roi, j’avais ma revanche et la pérennité des miens à assurer ; si mon maître m’avait siréné plus tôt, bien plus tôt, à l’âge où je sortais des jupons de ma nourrice, peut-être aurais-je prêté une oreille à ce destin de contre-mage génial qu’il m’aurait désiré avoir. C’était à présent trop tard, j’avais déjà fait deuil de mon enfance, d’une grande amitié, d’un oeil et de ma beauté, aussi cette existence rêvée était un bien petit chagrin qui s’ajoutait à la somme comme une larme à l’océan.

La contre-magie changea cependant quelques vues que j’avais sur le monde au lieu de me changer moi-même. Depuis notre défaite contre les pirates, j’avais gardé un certain grief contre les gens de l’Art, sur qui je me reposai tant et qui nous valurent un si terrible carnage. La contre-magie fortifia cette colère injuste que je leur portais : comme bien des initiés de telle arcane, je trouvais la mienne supérieure à toutes les autres, qui me semblaient en sus fort futiles.

Ce mépris de spécialiste se transforma en conviction lorsque je rencontrai, lors d’une audience que je tenais en mon lit pour les manants et les étrangers de mon domaine, un prophète de l’ordre de la Vie. Celui-ci désirait bâtir une humble chapelle sur mes terres de Boissière et piqua ma curiosité quand il exposa son credo. Tout au long de l’érection de ce gentil autel dédié à Zoé, que j’aimais déjà tant parce qu’elle me paraissait l’exact antipode du seigneur des démons, les textes qu’il m’apportait et les propos qu’il me tenait finirent de me ranger aux opinions du prophète impétrant : il existait un doute raisonnable, certes non pas irréfragale, mais quelle foi est pure d’aucun doute ?, que, par l’assemblée de nos souffles et l’offrande d’un peu de notre force vitale, nous libérerions Zoé de sa geôle ultramondaine et qu’elle advienne sur terre. Ce credo me piquait sur bien des flancs : l’imagerie de la douce donzelle jolie enfermée dans quelque donjon divin parlait à la chevalerie à laquelle j’aspirais, l’égoïsme du mage ainsi dépeint par ce catéchisme confortait mon dédain pour les gens de l’Art, la saine communion matinale où chacun offrait ce qu’il désirait m’apparaissait comme un puissant ferment de concorde entre les êtres, et cette idée un peu floue et confuse de faire advenir la déesse de Vie en ce monde disait un espoir qui, je le crois, habite tout coeur, celui de la régnération et le meilleurement du monde, celui qu’à la nuit succède le jour.

Aussi pétri de bonnes intentions que je l’étais dans la théorie, la pratique laissait à désirer, et j’honorai les préceptes de cet ordre sans m’embarrasser de rigueur, pratiquant la magie quand il me semblait bon d’en user, passant parfois la prière aurorale, me rendant rarement au rituel lunaire. Seigneur et capitaine, j’avais réuni autour de l’enseigne de la douce Zoé une clique de gentilhommes vérolés par le cynisme et de gens de guerre aux façons brutales qui l’auraient certainement fait tomber en pâmoison à leur seule vue. Et, comme tout, je rendais ma prière aurorale en commun avec mes clients, valets d’armes et cousins, lesquels n’avaient parfois embrassé ce credo que pour se rapprocher de moi, je m’étonne souventesfois qu’on puisse, en une fraction de minutes, porter offrande à la gentille déesse de Vie avant que d’aborder des sujets comme la pendaison d’un mauvais ladre ou la vente des esclavés faits sur mer.

|Epilogue satisfaisant manquant!|




Revenir en haut Aller en bas
Miguel de Boissière
Miguel de Boissière
Miguel de Boissière
Miguel de Boissière El11
Messages : 4
Écus : 2554
Date d'inscription : 04/12/2020
Miguel de Boissière
Sam 5 Déc - 7:43
Bienvenue à toi! Bon courage pour terminer ta fiche =D

Fais-nous signe quand tu auras terminé Wink
Revenir en haut Aller en bas
Anastasia De Hauterive
Myrefall
Myrefall
Anastasia De Hauterive
Anastasia De Hauterive
Miguel de Boissière El11
Messages : 79
Écus : 3572
Date d'inscription : 21/09/2019
Âge : 24 ans
Origine : Myrefall
Emploi : Préfète, femme d'affaire
Anastasia De Hauterive
Sam 5 Déc - 13:10
Bienvenue parmi nous !
Revenir en haut Aller en bas
Bern Livingstone
Myrefall
Myrefall
Bern Livingstone
Bern Livingstone
Messages : 32
Écus : 2712
Date d'inscription : 09/08/2020
Âge : 40 ans
Origine : Ghikaan, en Gören
Emploi : Barman tavernier
Bern Livingstone
Mer 9 Déc - 6:22
Oh, le prédéfini d'Anastasia ! J'en connais une qui doit être contente XD

Bienvenue parmi nous !
Revenir en haut Aller en bas
Raeran Daeyarus
Xavaar
Xavaar
Raeran Daeyarus
Raeran Daeyarus
Messages : 79
Écus : 2757
Date d'inscription : 11/01/2020
Âge : 80 ans
Origine : Ville de Sylvania, du pays de Xavaar
Emploi : Armurier, travailleur de cuir
Raeran Daeyarus
Jeu 10 Déc - 3:43
A y est, j'ai fini.

Merci pour vos bienvenues, et courage à qui corrigera-validera !
Revenir en haut Aller en bas
Miguel de Boissière
Miguel de Boissière
Miguel de Boissière
Miguel de Boissière El11
Messages : 4
Écus : 2554
Date d'inscription : 04/12/2020
Miguel de Boissière
Lun 21 Déc - 13:06
Bump
Revenir en haut Aller en bas
Miguel de Boissière
Miguel de Boissière
Miguel de Boissière
Miguel de Boissière El11
Messages : 4
Écus : 2554
Date d'inscription : 04/12/2020
Miguel de Boissière
Mar 22 Déc - 13:01
Bonjour Miguel! Désolé, je n'avais pas vu ton message! Est-ce que ta fiche est terminée? C'est encore écrit "En Cours" dans ton titre ce qui a semé le doute dans mon esprit...!

Je vais lire cela ce soir si c'est bien terminé!
Revenir en haut Aller en bas
Draghan Keroth
Gören
Gören
Draghan Keroth
Draghan Keroth
Messages : 98
Écus : 3432
Date d'inscription : 06/10/2019
Âge : 32 ans
Origine : Malgoth, de Gören
Emploi : Travailleur de cuir
Draghan Keroth
Mer 23 Déc - 18:18
Bienvenue à toi Very Happy

J'ai bien hâte de voir ce personnage évolué dans cet univers Smile
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
avatar
Invité
Invité
Jeu 24 Déc - 7:20
Ouais la fiche est terminée, j'ai retiré l'en cours, que j'avais oublié.
Revenir en haut Aller en bas
Miguel de Boissière
Miguel de Boissière
Miguel de Boissière
Miguel de Boissière El11
Messages : 4
Écus : 2554
Date d'inscription : 04/12/2020
Miguel de Boissière
Ven 25 Déc - 20:06
Je vous souhaite la bienvenue en retard mon cher Compte.

De mon côté, votre fiche me plaît énormément et il va falloir que l'on se croise un jour ou l'autre.
Revenir en haut Aller en bas
Elise De Greywish
Viermont
Viermont
Elise De Greywish
Elise De Greywish
Messages : 394
Écus : 3824
Date d'inscription : 12/10/2019
Âge : 16
Origine : Duché Viermont / Grimaël
Emploi : Reine / Érudite
Elise De Greywish
Ven 25 Déc - 20:24
C'est toute une fiche que tu nous a fait là! J'ai adoré la lecture, tu as une superbe plume!

De mon côté tout est nickel, je n'ai rien à y redire!

Félicitations, vous êtes accepté !

Votre fiche sera déplacée ici. Votre section sera créée et vous pourrez y faire vos journaux et vos suivis.
Une liste de code utile est mise à votre disposition pour personnaliser votre section.
Assurez-vous d'avoir bien signé le règlement avant d'aller plus loin.
Allez faire un tour ici pour y remplir les recensements, question d'éviter les doublons...!
Assurez-vous que votre profil soit bien rempli avec les bonnes informations.
Faites vos demandes ici, que ce soit des demandes de logement ou de RP. Commencez à vous enraciner!
• Et finalement, commencez à jouer!

N'hésitez pas à nous écrire en privé si vous avez des questions!
Nous vous souhaitons un bon jeu parmi nous!
Revenir en haut Aller en bas
Orion Terath
Relvagoth
Relvagoth
Orion Terath
Orion Terath
https://les-deux-rives.forumactif.com
Messages : 510
Écus : 4294
Date d'inscription : 21/09/2019
Âge : 140 ans
Origine : Relvagoth
Emploi : Capitaine du Dominium Oceanis
Orion Terath
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé
Contenu sponsorisé
Contenu sponsorisé
Page 1 sur 1
Sauter vers:
Nos partenairesLes mythes d'Ysarill HkapIXhDraümbell CityRejoignez nous sur Celtes !RPG-ChevalierMasquéNéréidesUn partenariat vous intéresse? Cliquez....Un partenariat vous intéresse? Cliquez....Un partenariat vous intéresse? Cliquez....Un partenariat vous intéresse? Cliquez....Un partenariat vous intéresse? Cliquez....Un partenariat vous intéresse? Cliquez....Un partenariat vous intéresse? Cliquez....